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L’Australie demande aux parents de moins médiatiser leurs enfants sur les réseaux sociaux

Par Antoine Delacour , le lundi, 2 janvier 2017, 12h43 , mis à jour le mercredi, 13 janvier 2021, 14h44 — enfants

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L’Australie demande aux parents de moins médiatiser leurs enfants sur les réseaux sociaux


Beaucoup de parents partagent des photos de leurs progénitures sur Facebook, Twitter etc… Des beaux moments qu’ils veulent transmettre au détriment du droit à l’image de leurs enfants.

Les enfants nés dans un monde où Facebook dominait déjà les relations humaines virtuelles fêteront bientôt leurs 10 ans. Cet anniversaire sera peut-être également celui d’une existence déjà bien exposée si leurs parents ont joué les paparazzis de leur jeune âge.

Ces enfants n’ont pas encore de comptes sur les réseaux sociaux mais Facebook, Google ou Instagram comptent déjà des dizaines de photos d’eux. Ces kids de 2016 comprennent-ils ce qu’une telle exposition implique ? Non. L’ont-ils même permise ? Encore moins. Et pourtant, leurs parents ont été les véritables community manager de leurs premiers pas et ils devront encore longtemps porter l’héritage d’une telle exposition.


En Australie, le bureau de la sécurité numérique des enfants (OCEC) s’inquiète de cette tendance et demande aux parents de moins médiatiser leurs enfants. Pour l’une de ses éducatrices, Kellie Britnell, la probabilité qu’une photo d’enfant, habillés ou non, atterrissent dans des réseaux pédophiles n’est pas à sous-estimer. Sans arriver à un tel cas de figure, connaissez-vous vraiment les conséquences d’une telle exposition numérique ?

Pourquoi moins médiatiser les enfants? Le web, monde de possibles et de dangers pour une image

Certaines pratiques a priori anodines s’avèrent être de véritables erreurs à éviter absolument. Par exemple, sur le réseau de rencontres pour adultes Tinder, de nombreux parents célibataires utilisent des images de leurs enfants pour mettre en avant leur personnalité. Or si l’on peut comprendre qu’un père ou une mère célibataire tient à faire connaître cette partie de sa vie, l’exposition de ses enfants sur un site de rencontre laisse perplexe même si aucun règlement n’empêche cette pratique.

En Australie, la Commission des Droits de l’homme a demandé un rapport sur les comportements des jeunes face à la confidentialité sur le net. L’étude démontre que les enfants de la génération Facebook exposés en ligne par leurs parents sont harcelés dès l’école. Ces photos sont en effet utilisées par des camarades malveillants pour les ridiculiser. Or les enfants victimes n’ont généralement pas même été en mesure de dire non à leurs parents lorsque ces derniers souhaitaient partager la photo de leur premier anniversaire sans soupçonner qu’elle servirait  plus tard à les humilier dans la cour de récré.


La loi, encore une fois, n’est pas d’une grande utilité pour les enfants. Alors que la publication de photos de nature obscène ou d’atteinte à la pudeur sont pénalement sanctionnées, peu de photos prises par les parents, même lorsque l’enfant n’est que peu vêtu, rentrent dans un tel cadre légal.

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Crédits images: Pixabay

Parents, enfants, quels droits ?

Le seul espoir pour ces enfants est d’attendre leur 18 ans pour poursuivre leurs parents en justice comme l’a fait une Autrichienne cette année. Cette dernière a remporté son procès contre ses parents qui refusaient de supprimer une photo d’elle sur les réseaux sociaux. Mais ce genre de conflits entre enfants et parents ne peut évidemment pas se régler systématiquement devant la justice. Il est plus urgent que les parents comprennent et saisissent à la fois les droits de leurs enfants comme leur propre responsabilité face à l’image de leur progéniture.

En cette période de fêtes, nul doute que de nombreuses photos de bébés, de petits garçons et de petites filles ayant reçu une poupée à Noël sont partagés par des parents aimants. Mais ces-derniers auront-ils au moins pensé aux conséquences d’une telle exposition pour leurs enfants ? Certaines questions simples devraient aider les parents à y voir plus clair : Adulte, mon enfant pourrait-il accepter qu’une telle photo soit à la vue de tous ? Ou encore, voudrais-je, en tant qu’adulte, trouver sur le web de telles photos de moi ? Prendre au sérieux ses enfants et ne pas les considérer comme des sujets d’exposition sociale comme vos vacances à Buenos Aires est un bon début.


Car selon la psychologue Rita Princi, il est clair que lorsque des parents partagent massivement des photos de leur progéniture, il s’agit avant tout de la recherche de l’approbation des pairs et non pas de l’accomplissement du bonheur de leur propre enfant. Elle explique : « Si quelqu’un d’autre a mis en ligne une photo de leur enfant, [les parents] pensent alors qu’ils doivent eux aussi publier une photo pour suivre la tendance. » Et ainsi obtenir par des likes une forme d’approbation de l’éducation qu’il donne à leurs enfants.


Mais d’un point de vue psychologique, cette objectivation du corps de l’enfant peut ensuite développer les angoisses du jeune, notamment à l’adolescence. Il risque de développer une vision négative de lui-même et des angoisses profondes qui peuvent mener à la dépression et à l’anorexie pour les jeunes filles. À l’âge où les jeunes vont commencer à faire attention à leurs apparences, ils auront déjà un lourd héritage à porter, celui de leur visage d’enfant adoré.


Si Facebook conseille toujours de vérifier ses paramètres de confidentialité, on conseillera aux parents de bien les configurer pour les photos de leurs enfants. Et surtout garder le contrôle sur ce type de contenu pour qu’ils n’entrent pas dans la sphère publique et ainsi être en mesure de le supprimer le jour où l’enfant vous le demandera. Car même si la loi ne donne pas toujours raison à cette notion, n’oubliez pas que votre enfant reste moralement le propriétaire inaliénable de son image et de son corps.

Source : www.numerama.com

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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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