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Le voyage, une fuite thérapeutique ?

Par Antoine Delacour , le mardi, 8 août 2017, 11h06 , mis à jour le samedi, 19 septembre 2020, 13h49
Le voyage
Image crédit : pixabay.com

La chronique de « Madame tout le monde »    

Mais qui est « Madame tout le monde » ?

C’est une femme, un homme ou peut-être un(e) adolescent(e) avec des forces et des faiblesses, c’est vous, c’est moi… En bref, « Madame tout le monde » c’est nous tous. Elle est en quête permanente de bonheur.


Aujourd’hui, notre « Monsieur tout le monde » s’appelle Guillaume et a 27 ans. Certains d’entre vous pourront s’identifier à lui pour son côté idéalistepassionné, ouvert d’esprit et parfois… instableincertain et cynique. Cela dépend des jours, de ses humeurs et de sa localisation.

                                                                                             

En effet, Guillaume aime voyager.

Seulement voilà, il semble avoir un problème : lorsqu’il réside chez lui à Nantes, il ressent « un manque » et lorsqu’il est à l’autre bout du monde, il ressent un « manque ». Un peu comme s’il était toujours  morcelé à l’image d’Ernesto Che Guevara qui écrivait à sa mère : « Chère maman, que perd-on en traversant une frontière ? Chaque instant semble divisé en deux : d’un côté la mélancolie à cause de ce que l’on laisse. De l’autre côté, la joie d’explorer des terres nouvelles« .

Cet été, Guillaume commencera par le Costa Rica pour le lancement de sa nouvelle saison d’aventures, la cinquième depuis ses 21 ans. Il se laisse 1 an pour savourer ce voyage.


En observant sa vie ces dernières années, nous identifions la logique d’une boucle :

1) IDENTIFICATION D’UNE DESTINATION –>  

Excitation liée à la préparation du départ –> Intégration et fierté de vivre seul et pour soi –> Expériences en tout genre –> Sensation d’accomplissement personnel –> Nouvelles rencontres –> Nouveaux apprentissages –> Vie active –> Fatigue –> Lassitude face à la routine qui s’installe –> Sentiment de manque à l’égard de la famille et des amis –> RETOUR.


Le deuxième cycle s’enclenche rapidement :

2) RETOUR –> Retrouvailles –>  Plaisir à profiter de ses proches –> Appréciation d’un cocon  –> Appréciation d’un confort –> Sentiment d’être différent –> Tristesse et/ou ennui –> Sentiment de manque à l’égard de fortes sensations —> IDENTIFICATION D’UNE PROCHAINE ET NOUVELLE DESTINATION.

Nous connaissons les dépendances à la cigarette ou à l’alcool, les dépendances amoureuses, aux smarphones, aux jeux vidéos mais la dépendance à la liberté procurée par les voyages reste peu connue. 


Pourtant les mots fréquemment employés par les « voyageurs chroniques » comme Guillaume sont assez parlants et font largement penser à une dépendance venant combler un certain vide intérieur : « manque« , « fortes sensations« , « besoin« , « excitation« , « liberté« , « expériences« , « évasion ».Voilà donc un bel antagonisme : La dépendance à la liberté ! 


Voyager régulièrement pendant 6 mois, 1 an, 2 ans s’inscrit dans un nouveau style de vie moderne et, rêver d’une autre vie devient de plus en plus courant. Et c’est une excellente chose.


De manière générale et en creusant les motivations des voyageurs, nous comprenons que leur ouverture d’esprit leur permet de s’adapter très facilement aux différentes cultures et mentalités. Etre flexible et loin de toutes attaches affectives et matérielles donnent une sensation de liberté agréable. Le monde est intemporel. Ils vivent le moment présent.

Ces personnes sont particulièrement curieuses. Elles sont amoureuses de l’amour, de l’art, des gens, du monde.

Cette grande ouverture d’esprit est une très belle chose pour l’humanité mais elle est parfois mal vécue par la personne elle-même lorsque celle-ci finit par bloquer le sentiment d’appartenance. En effet, ces profils caméléons sont bien partout mais sont « chez eux » nulle part. Ils se reconnaissent un peu en chacun mais ne ressemblent à personne. Ils aiment énormément de choses mais rien ne les passionne vraiment.

Ils peuvent avoir des projets mais sont capables d’en changer à tout moment. Finalement, ils piochent dans chaque mode de vie, dans chacune des cultures mais il semblerait que leur but, in fine, soit de se sentir pleinement unifié et investi face à une solitude intérieure.  A la recherche d’un idéal, d’un sens profond et existentiel. 

Cela nous renvoie à la notion de « place ». Quelle est ma place ? Où est ma place ? 


Ces personnes sont aussi extrêmement sensibles (même si cet aspect est souvent bien gardé), ce qui démontre une certaine peur de l’engagement avec la conviction intime que ce sera toujours mieux ailleurs. C’est en ce sens que le voyage peut être perçu comme une fuite thérapeutique inconsciente. Pour certains, s’éloigner de sa famille, de ses amis proches ou des responsabilités peut protéger des liens susceptibles d’être trop envahissants et deviendra l’une des conditions au bon fonctionnement psychologique.

Elles peuvent s’attacher aussi rapidement qu’elles se détachent de tout « objet » affectif perçu comme menaçant ou comme « anti-liberté ». Elles peuvent donc avoir de réelles difficultés à créer de vrais liens profonds, durables et authentiques qui supposent une envie d’être complètement soi-même, en dehors de toute représentation du « soi » ou de « l’autre » idéalisée. Elles sont amoureuses de l’amour. Le mot « routine » et les vies trop rangées les font d’ailleurs frémir.


Elles aspirent à un monde pacifique basé sur l’appréciation du moment présent et rempli de gens exentriques et enthousiastes, intéressés et intéressants, ayant des trésors de vie à partager.


Enfin, elles véhiculent généralement beaucoup d’énergie positive autour d’elles et confèrent à un certain respect de la part des gens qui ont préféré la sécurité. D’ailleurs, elles suscitent très souvent l’admiration et s’en nourissent volontier.

Avec le temps et en étant à l’écoute d’elles-mêmes, ces personnes finiront par entendre le son d’un ancrage qui s’annonce et seront conscientes de la mission de vie qui est la leur. Elles pourront alors profiter de l’incroyable richesse de leurs multiples expériences et enfin, partager leur sensibilité si particulière.

Peut-être, auront-elles besoin de plus de stabilité un jour ? Un endroit particulier captera t-il leur attention pour leur donner envie d’y rester ? Une rencontre symbolique transformera t-elle leur façon de penser ? Seront-elles investies d’une nouvelle mission qui aidera l’humanité à s’apaiser ? Ou bien, pourront-elles transmettre leurs expériences à d’autres grâce à leur immense générosité de fond, en créant quelque chose qui leur ressemble ?

Peu importe la façon dont ces personnes auront d’être au monde, elles ne rentreront jamais dans un moule et continueront de suivre leur instinct, indépendamment des normes pré-définies. C’est en cela que réside leur charme en toute humilité.

Une chose est sûre. Elles ont la chance de posséder quelque chose d’extrêment riche et rare : le vécu, l’ouverture sur le monde et les gens, le dépassement de soi et des milliers de souvenirs. 

Finalement l’objectif n’est pas d’arriver à la bonne réponse mais uniquement de trouver du sens à son existence. Il y a autant de réponses plausibles que de questions, autrement dit, il y a des réponses à l’infini. En revanche, chacun de nous doit pouvoir trouver un sens spirituel ainsi qu’une place dans ce monde, au moins sur le plan symbolique. Cela semble d’autant plus difficile et long pour les personnes fortement sensibles et sociables mais c’est aussi particulièrement porteur !

Cultivez cette belle différence sans isolement et trouvez votre « COMPROMIS DU BONHEUR« , celui qui réunira toutes les parties de vous et valorisera votre ambivalence. Il n’y a pas qu’un seul mode vie qui rend heureux mais uniquement celui qui vous convient.

« Le bonheur existe que s’il est partagé » est la conclusion de Christopher McCandless, l’acteur du film « Into the wild ».

« Moi, je ne suis plus moi, du moins je ne suis plus le même qu’avant« , celle d’Ernesto Che Guevara.

Quelle  sera la vôtre ?

~ Monsieur tout le monde n’est pas parfait mais il est incroyablement vivant ~ 

– M –

Le voyage, une fuite thérapeutique ? auteur : Maeva Olivieri

J’ai écris cette nouvelle chronique grâce aux témoignages de nombreuses personnes passionnées de voyages ou bien, de personnes qui rêvent de liberté et qui cherchent à ne pas, ou à ne plus « dépendre ». Egalement grâce à des heures de conversations philosophiques et bien-sûr, selon mes propres inspirations. On pioche et on laisse. 

Bio :

Maeva Olivieri est Psychothérapeute et Coach spécialisée dans l’image de Soi à Luxembourg. Elle écrit la chaotique de « Monsieur et Madame tout le monde ».
Site internet : www.mavi-coaching.lu
Page facebook : MAVI Coaching, Sàrl

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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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