Ecologie : prenez conscience et évoluez

Depuis 1950, les « zones mortes » ont quadruplé dans les océans

Par Cyril Renault , le dimanche, 14 janvier 2018, 10h26 , mis à jour le mardi, 8 juin 2021, 14h39
zones mortes
Image crédit : Pixabay

Tout le monde le sait : les océans, les mers, du monde entier sont en danger.

Pollués par le plastique et sujets à la hausse des températures. Mais il existe un autre problème, et plus vicieux : les océans et les mers manquent d’oxygène. Ces zones, où l’oxygène a presque disparu, sont mortelles pour la faune. Une conséquence directe de l’activité de l’homme et du réchauffement climatique.


Ce problème est lié à l’augmentation du nombre de « zones mortes », de vastes étendues d’eau où concentration d’oxygène est inférieure ou égale à 0,2 milligramme par litre. Une situation qui peut être mortelle pour certains animaux marins, qui suffoquent. C’est ce que rapportent des chercheurs du Smithsonian Environmental Research Center (SERC) dans leur étude, récemment publiée dans la revue Science.

Les zones mortes sont de vastes étendues qui contiennent peu ou pas d’oxygène, provoquant ainsi l’asphyxie de la faune marine.

Résultat : tous les organismes qui ont besoin d’oxygène pour respirer fuient ces zones, et les espèces immobiles comme les crustacés meurent alors que des bactéries méthanogènes se développent. Le problème, c’est que ces zones se multiplient et s’agrandissent. Une récente étude – la plus complète sur le sujet à ce jour – suggère qu’elles auraient quadruplé depuis les années 50, s’étendant aujourd’hui sur des millions de kilomètres carrés.

Selon les calculs des scientifiques du SERC, le nombre de « zones mortes » ont non seulement quadruplé depuis 1950, mais se sont aussi étendues de plusieurs millions de kilomètres carré. Or « l’oxygène est fondamental pour la vie marine », rappelle Denise Breitburg, l’écologiste marine qui a dirigé les recherches et membre du Global Ocean Oxygen Network (GO2NE), un groupe chargé d’étudier les « zones mortes » depuis 2016.


zones mortes

Carte réalisée par les chercheurs montrant les « zones mortes » maritimes, c’est-à-dire les océans et mers où la concentration d’oxygène dans l’eau est égale ou inférieure à 0,2 milligramme par litre. GO2NE working group

« En plus, la moitié de l’oxygène de la Terre vient des océans », insiste le secrétaire général du Intergovernmental Oceanographic Commission, à l’origine du GO2NE.

« L’oxygène est essentiel à la vie dans les océans », explique Denise Breitburg, auteure principale des recherches et écologiste marine au Smithsonian Environmental Research Center, notant au passage que « le déclin de l’oxygène océanique compte aujourd’hui parmi les effets les plus graves des activités humaines sur l’environnement de la Terre ». La désoxygénation, provoqué naturellement par des phénomènes météorologiques extrêmes ou des courants océaniques particuliers, a toujours existé dans l’histoire moderne. Cependant la situation s’empire rapidement d’année en année.


Si le problème est déjà grave en haute mer, il l’est encore plus près du rivage. Sur le littoral, les zones mortes retrouvées dans les estuaires ont plus que doublé depuis les années 50.

De même, la pollution par les nutriments – comme le ruissellement des composés agricoles – y joue aussi un rôle important. Ceux comme le phosphore provenant des engrais peuvent facilement se retrouver dans les rivières et les estuaires, ce qui crée des proliférations d’algues qui drainent l’oxygène de l’eau à mesure qu’elles meurent et se décomposent. La raréfaction du poisson engendre également une pêche des espèces de plus en plus jeunes, ce qui accélère la disparition de la faune dans certaines zones.


Rappelons d’autre part que les phénomènes majeurs d’extinction dans l’Histoire ont souvent été associés aux climats chauds et aux océans déficients en oxygène. Et alors que le réchauffement climatique perdure, l’équipe prédit que les océans continueront à perdre de l’oxygène à un rythme rapide. Le problème principal reste aujourd’hui le réchauffement de la planète, parce que l’eau chaude retient moins d’oxygène, et que les températures de l’eau de surface augmentent. En conséquence, il devient plus difficile pour l’oxygène de descendre dans les profondeurs de l’océan.


Et cela risque d’empirer, prédisent les chercheurs. Car « plus le réchauffement climatique empirera, plus les océans se réchaufferont, moins il contiendront d’oxygène. Or plus l’eau est chaude, plus les animaux marins ont besoin d’oxygène pour survivre ». En outre, la raréfaction de l’oxygène des océans pourrait aussi relâcher certains gaz, comme le protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2.

« Dans l’histoire de notre planète, les phénomènes d’extinctions massives [des espèces] sont toujours associées avec des climats chauds et des océans déficients en oxygène », souligne l’étude.


Source et sciencepost.fr et www.lexpress.fr/

Notez cet article

Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

Voir les publications de l'auteur

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera révisé par les administrateurs si besoin.