Albi: cette ville cible l’autosuffisance alimentaire grĂ¢ce au bio et au gratuit!
La brique rouge d’Albi donne le ton à cette ville. La cité épiscopale surprend autant par sa majesté et sa force que par sa douceur de vivre.
Albi aimerait garantir Ă tous une alimentation saine et Ă©colo : jamais une aussi grande ville n’avait eu une telle ambition !
Gros plan sur un pari génial et futuriste.
L’objectif, Ă l’horizon 2020, est de permettre Ă tous les habitants de se nourrir de denrĂ©es produites dans un rayon de 60 kilomètres autour de la prĂ©fecture tarnaise. Au menu : agriculture urbaine, jardins partagĂ©s et circuits courts. Une première en France.
Un petit parfum de rĂ©volution verte flotte dans l’air. L’Ă©quipe municipale d’Albi a officialisĂ© dĂ©but 2016 un dĂ©fi ambitieux: parvenir Ă l’autosuffisance alimentaire Ă l’horizon 2020. Une première en France pour une ville de cette taille (51.000 habitants). La production agricole dans un rayon de 60 km devra Ăªtre en capacitĂ© de rĂ©pondre aux besoins de la population. Une utopie qui vise surtout Ă faire bouger les mentalitĂ©s et Ă favoriser les circuits courts.
AndrĂ© Morlat est l’un des pionniers. Cet ancien paysagiste de 56 ans s’est lancĂ© dans l’aventure en janvier 2014. «C’Ă©tait un vieux rĂªve», dit-il. L’homme cultive une soixantaine d’espèces de lĂ©gumes diffĂ©rents, la demande, un peu plus chère qu’en supermarchĂ©s, ne faiblit pas.
Et il parvient Ă en vivre, mĂªme s’il ne compte pas ses heures. «Je n’ai jamais jetĂ© un seul lĂ©gume», s’enthousiasme-t-il. D’autres zones de ce genre pourraient voir le jour dans la ville.
Les bĂ©nĂ©voles albigeois sont Ă l’initiative de plantations aux coins des rues de la coquette citĂ© tarnaise, en accord avec la mairie. L’instigatrice du mouvement, la britannique Pam Warhust, s’est d’ailleurs dĂ©placĂ©e dans le Tarn en janvier dernier, histoire de constater la mutation en marche.
Jardins partagĂ©s, urbains, arbres fruitiers, «key hole» (potager hors-sol originaire d’Afrique)… Lentement, les espaces verts entament leur mue. «Nous sommes habituĂ©s Ă une esthĂ©tique de fleurs mais pas vraiment de poireaux. Pourtant on peut faire du beau et du bon», s’amuse Jean-Michel Bouat.
Depuis le début de l’année, 8ha ont déjà été cédés, et 7 emplois créés !
La rĂ©habilitation des jardins ouvriers et des potagers dĂ©laissĂ©s chez les personnes Ă¢gĂ©es sera la prochaine Ă©tape. Une plate-forme Internet devrait bientĂ´t voir le jour pour mettre en relation des jardiniers volontaires et les propriĂ©taires noyĂ©s sous les mauvaises herbes.
Une manière de ne laisser aucun carrĂ© de terre abandonnĂ©. «Les gens retrouvent l’essence des choses: la vocation nourricière de la terre. Une partie de la population a de faibles revenus, mais du temps libre», souligne Jean-Michel Bouat.
Le Figaro rapporte que les habitants n’osent pas encore se servir gratuitement dans ces potagers sauvages encouragés par la mairie. « Ils ont l’impression que c’est du vol ». Il faudra donc un peu de temps pour que la population se réapproprie la terre et ses richesses, mais le mouvement est lancé !
Rien ne pourra se faire Ă grande Ă©chelle sans les agriculteurs locaux d’un cĂ´tĂ© ; la grande distribution de l’autre.
«C’est au secteur privĂ© d’y aller. Tout ce que l’on fait lĂ sert Ă dĂ©clencher une prise de conscience», pointe le maire adjoint. Pour arriver Ă l’autosuffisance alimentaire rĂ©elle, il faut une belle force de persuasion. Jean-Michel Bouat l’admet… «Avec les agriculteurs dits «traditionnels», la dĂ©marche est parfois mal comprise».
Mais en ces temps de crise, il croit en la force de l’exemple. «Les acteurs du secteur vont se rencontrer. Les politiques doivent parfois savoir se faire discrets».
Commentaires
Laisser un commentaire