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Pourquoi des dizaines d’ours polaires ont envahi une ville d’un archipel arctique russe

Par Cyril Renault , le mercredi, 20 février 2019, 11h22 , mis à jour le mercredi, 20 février 2019, 11h22
ours polaires ont envahi une ville

Image crédit : RTBF.be

Depuis le mois de décembre, environ cinquante ours polaires viennent régulièrement se nourrir à Belouchia Gouba, un village d’un archipel arctique russe.

Par ailleurs, dix d’entre eux restent constamment dans le village au milieu des habitants. Les autorités ont donc été obligées de décréter l’état d’urgence.


Par Frédérique Dumont Le 20/02/2019

Mais pourquoi sont-ils aussi nombreux à venir dans ce village ? Le réchauffement climatique est-il responsable ?

Douglas Clark, chercheur de l’université de Saskatchewan au Canada et spécialiste des ours polaires rappelle:

« Les ours polaires n’ont aucun territoire fixe, contrairement à d’autres espèces d’ours, car la banquise évolue constamment ». Pourquoi sont-ils arrivés dans un village ? Est-ce à cause de la faim? « Les ours polaires qui sont sur les images tournées à Belouchia Gouba indiquent des ours de poids normal, voire en surpoids, donc ils ne sont pas affamés », affirme-t-il.


Il est difficile de dire si cela a un rapport avec la fonte de la banquise. 

L’éditrice du Siberian Times Svetlana Skarbo, interrogée par CBC, rappelle que les ours polaires sont habitués à chasser dans cette région, au moment où ils viennent sur terre une fois par an. « Cette année, quand ils auraient dû retourner sur la banquise, fin novembre début décembre, ils n’ont pas pu le faire car il n’y avait pas suffisamment de glace ». Donc ils sont restés dans le village, attirés par la présence de nourriture.

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Sur son blog Polar Bear Science, Susan Crockford, une zoologue canadienne, a analysé les archives météo et remarqué qu’il y avait une faible quantité de banquise sur le littoral ouest de l’archipel de Nouvelle-Zemble depuis trente ans. Pourtant, c’est la première fois que l’on observe autant d’ours polaires dans ce village. « Cela ne signifie pas que le réchauffement climatique n’a aucune influence sur l’Arctique, mais la fonte de la banquise n’est pas l’unique facteur », affirme Douglas Clark.

ours polaires ont envahi une ville

Le chercheur souligne la présence de déchets facilement accessibles pour les ours. Effectivement, sur les vidéos tournées au village, on voit des ours manger des détritus dans un espace non fermé. Le chercheur affirme « Cela peut avoir attiré des ours depuis une très grande distance ». Svetlana Skarbo pense également que les déchets sont la principale cause de l’arrivée des ours.


Les ours polaires vont-ils partir du village pour retrouver la banquise ?

Douglas Clark pense que cela risque de s’avérer compliqué. « Ces ours associent maintenant la présence humaine avec de la nourriture simple d’accès et ils sauront exactement où ils se trouvent. Toutes les espèces d’ours se comportent de cette manière et il n’y a aucun moyen de changer leur comportement lorsqu’ils ont mémorisé le lieu. Ça ne sert à rien de les changer d’endroit, s’ils s’en sortent, ils reviendront sur place. On peut éviter ces comportements, mais on ne peut pas les corriger.»

Actuellement, les autorités essaient de faire fuir les ours polaires des immeubles avec des véhicules de patrouille et des chiens. Mais ces mesures ne créent pas l’effet escompté. Pour l’instant, l’agence fédérale russe en charge de la surveillance de l’environnement refuse d’accorder l’autorisation de tuer les « animaux les plus agressifs », révèle le communiqué. En revanche, elle enverra une commission sur l’archipel pour évaluer la situation.

A-t-on déjà connu des invasions d’ours polaires dans des villes ? Et pourrait-il y en avoir d’autres ?

Cela s’est déjà produit à plusieurs reprises, indique Douglas Clark. Au Canada, à Churchill dans le Manitoba , des ours polaires sont venus dans les années 1960. Cela était dû aux activités humaines et à une augmentation du nombre d’individus. « La situation à Belouchia Gouba est très préoccupante, mais cela pourrait empirer », indique le zoologiste.


« La réduction de la banquise provoquée par le réchauffement climatique est « non linéaire ». Cela veut dire qu’il peut y avoir des changements non seulement imprévisibles mais également irréversibles. Des centaines voire des milliers d’ours polaires pourraient perdre leur habitat naturel, de manière soudaine et définitive. Cela aurait des répercussions dévastatrices pour les ours et les humains, bien pires qu’en ce moment en Russie. Il y aurait très probablement des morts, des blessés, chez les hommes et les ours », affirme-t-il.

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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