Psychologie et comment mieux gérer ses relations

Le monde n’accepte pas les gens qui ont de grandes émotions

Par Louise Meunier , le mercredi, 9 janvier 2019, 13h58 , mis à jour le mercredi, 9 janvier 2019, 14h04

Mon fils a commencé à réagir aux sourires quand il avait deux semaines.

Tout ce que j’avais lu disait que c’était impossible, mais il était là, souriant et bavardant devant nos grands yeux. Notre pédiatre a été étonné et a dit avec désinvolture: «C’est un petit garçon émotionnel! »

Le 9/01/2019 Par Louise Meunier

Nous n’avions aucune idée de la pertinence de ce commentaire.

Enfant, il avait tendance à basculer constamment entre le rire et les larmes. Il y avait très peu de temps entre les deux. Mais quand il était triste, il avait le cœur brisé. La plus petite déception le réduisant au plus profond de lui.


Le cœur de mon fils est plus gros que son corps et il le porte sans aucune protection.

Le problème des grandes émotions est qu’elles sont toutes grandes. Il n’est pas juste malicieux; c’est aussi l’enfant le plus doux et le plus tendre que je connaisse.

Il me cueille des fleurs, il me caresse les joues et me tient la main. Il encourage sa sœur dans tout ce qu’elle fait et adore faire partie de son monde. Les mots gentils ont un effet presque visible sur lui.


Et quand il a des problèmes, l’angoisse et la déception dans ses yeux déchirent mon cœur.

Il se lève, la tête pendante et les épaules repliées, et il me tend les bras, ayant besoin physiquement et mentalement que je le serre à nouveau dans mes bras.

Mon fils a sept ans désormais. Je passe les vendredis soirs sur les terrains de football locaux, je le regarde s’entraîner à la roue et parfois frapper le ballon. Un soir, il joue au gardien de but et quelqu’un donne un coup de pied dans une balle qui rebondit sur le côté du but, ricoche et frappe mon fils à la tête.

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J’entends son premier «ow!» qui, en quelques secondes, s’est transformé en hurlements et en larmes. Il hurle après son coéquipier: «Ne me dis pas que
ça ne fait pas mal, tu ne sais pas, tu ne peux pas me dire ce qui fait mal, arrête de de te moquer de moi» pendant qu’il cligne des yeux, confus à cause du ballon . Il est assis au milieu du but et a complètement arrêté le jeu.


Image crédit :depositphotos.com

J’interviens alors pour l’appeler.

Il me voit et vient, le visage rouge et furieux, les larmes aux yeux, et enterre son visage dans mes bras, essayant de se cacher du monde. La première étape, la seule, consiste à le prendre dans mes bras.

Je le tiens donc dans mes bras, ce garçon de sept ans aux émotions plus grandes que lui, et nous attendons que le train quitte le tunnel.


Une fois, j’ai lu un conseil sur la gestion des crises de colère, quand mon fils avait deux ans et qui a bouleversé notre monde. Les émotions étaient décrites comme un train traversant un tunnel.


Pour se rendre n’importe où, le train doit traverser le tunnel. Cela ne sert à rien d’arrêter le train au milieu du tunnel; c’est difficile, et même si vous réussissez, ces émotions sont toujours présentes, et elles devront finir par être libérées d’une manière ou d’une autre.


C’est épuisant.

Un enfant avec de grandes émotions est épuisant, physiquement et mentalement. Les journées sont remplies de réorientations prudentes, de rappels, de fermeté équilibrée avec douceur, de compromis, de conséquences, de leçons, d’explications et de doutes infinis quant à la manière dont nous agissons.

Mon mari et moi nous nous posons constamment des questions.

Devrions-nous lui apprendre à être plus dur? Ne devrions-nous jamais élever la voix? Que devrions-nous faire de mieux?

Mon fils aime plus fort que tout. Son désir de bien faire les choses, de ne pas nous décevoir, de nous rendre fiers sans cesse. Un matin, je suis allée dans sa chambre pour lui rappeler que c’était le jour de la photo à l’école. Je ne l’ai pas vu dans son lit. Je ne l’ai pas vu dans son fauteuil de lecture. Il se cachait sur la couchette du bas, tout habillé, avec une expression triste.


J’étais entrée trop tôt dans sa chambre et il n’avait pas eu le temps de faire son lit, ni de se brosser les dents, ni de déjeuner, ni de préparer son sac à dos – toutes les choses qu’il avait énumérées dans sa tête comme des étapes à franchir pour que la surprise soit plus totale.

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Peu importe combien de fois il échoue, il essaie toujours de bien faire les choses.

Le monde n’est pas bon avec des gens comme mon fils. Les gens sont mal à l’aise avec les grandes émotions. Dans une société obsédée par la perfection et l’efficacité, les enfants qui ne se laissent pas prendre au dépourvu par tous les autres nuisent au bon déroulement de la journée. La machine de la société va le brouiller. Ses bords rugueux deviendront plus lisses, et la hauteur imposante de ses hauts et de ses bas s’érodera, pour devenir quelque chose de plus linéaire.


Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose. Le processus de maturité d’un enfant à l’autre nous apprend tout sur la gestion de soi et les attentes comportementales.


Mais c’est ce dont je me souviens quand je réfléchis tous les soirs à la meilleure façon d’éduquer mon fils: le monde lui dira qu’il en fait trop. Le monde lui montrera la boîte de prédilection dans laquelle il est censé s’insérer, et il devra trouver un moyen de s’adapter.

Mais je lui apprendrai l’empathie et la gentillesse. Je lui apprendrai à être conscient de l’impact de ses actions et de ses paroles sur les autres. Et lui apprendrai que l’émotion est puissante et merveilleuse et que les larmes conviennent tout autant aux garçons qu’aux filles.

Et aussi que tout le monde est différent et que ce sont nos différences qui rendent notre monde aussi varié et unique.

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Louise Meunier

J’ai trouvé ma voie dans la psychologie, j’ai été totalement fascinée par la grande complexité de l’être humain dans son ensemble. Grâce à mes études, je n’ai plus aucun problème relationnel et je suis épanouie dans mes relations. La psychologie est un domaine d'étude fascinant qui explore les processus mentaux et comportementaux des êtres humains. Elle examine des sujets variés tels que la cognition, les émotions, la perception, la personnalité, les relations interpersonnelles, le développement de l'enfant, la santé mentale et bien d'autres. En tant que tel, la psychologie offre une richesse de connaissances qui peuvent être utilisées pour produire des articles intéressants et informatifs.

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Commentaires

Le jeudi, 10 janvier 2019, 12h12 à 12h12, Laurence Lupette a dit :


Magnifique ,oui la différence est merveilleuse ,je sais de quoi je parle ,je suis un peu comme votre fils ,j ai 51et maintenant j accepte d être qui je suis avec toutes mes émotions profondes et c est un bonheur inestimable et je plains ceux qui ne connaîtront jamais ses ressentis ! Merci


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Le jeudi, 10 janvier 2019, 13h00 à 13h00, Gaelle bonnamy Picart a dit :


Génial! Bravo pour votre texte et bravo à votre fils d'être ce qu'il est !
On parle en règle général de personne hyper sensible c'est bien car ça commence à être enfin expliqué et reconnu comme quelque chose de différent mais de normal !!
Je vais préférer le terme de "grandes émotionnelles" et je me présente comme cela, je ne suis pas "fragile", sensible OK mais pas dans la sensiblerie !
Je suis une" grande émotionnelle "et très heureuse de les vivres et les assumées après avoir rencontrées la Sophrologie Dynamique® qui m'a apporté une compréhension de mes émotions et une capacité à les atténuer ou à les amplifier.
Ah Oui tout est amplifier et c'est Vie intense et chouette à Vivre
Bonne continuation
Bien à Vous


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