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Des gens tuent des milliers de serpents dans une « fête » cruelle au Texas

Par Cyril Renault , le mercredi, 19 avril 2017, 9h19 , mis à jour le mercredi, 8 juillet 2020, 12h50

serpents
Depositphotos

Des milliers de serpents à sonnette sont tués lors d’une « fête » au Texas

Il y a certains animaux qui laissent trop de monde dans l’indifférence. C’est le cas des serpents à sonnette, dans certaines régions aux USA, tous les ans, qui sont des milliers à être tués pour le plaisir.

Il s’agit de grandes fêtes traditionnelles et populaires, qui sont largement répandues au Texas et dans d’autres États, surtout dans les petites villes de campagne.


Ces fêtes s’appellent les « Roundups »

« Vous seriez surpris de voir à quel point [les serpents à sonnette] ont des choses en commun avec nous, assure Melissa Amarello, cofondatrice de l’ASP (Advocates for Snake Preservation), au site The Dodo.


Ils donnent vie à des bébés déjà formés, et ils prennent soin de leurs petits pendant les premières semaines de leur vie, en les gardant bien au chaud, à l’abri des prédateurs. Chez certaines espèces, les futures mères se rassemblent au cours des derniers stades de la gestation, et donnent vie ensemble. Elles s’occupent à tour de rôle des bébés des autres, comme si c’étaient les leurs. »

Tous les ans, au Texas, des milliers de ces animaux sont entassés dans des fosses et massacrés pour le plaisir d’un public.

Cette« célébration » est une fête populaire, connue sous le nom de « roundup », qui a lieu dans plusieurs États.


Tout le monde est invité à capturer des serpents, le plus souvent en versant du gazole dans leurs terriers, pour les forcer à en sortir pour éviter l’asphyxie. Avec les vapeurs, les animaux sont groggy, ce qui rend la chasse facile : il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser. Les serpents sont ensuite enfermés dans des caisses, parfois pendant des semaines ou des mois, sans eau ni nourriture, avant d’attendre le grand jour où ils seront pesés et mesurés, avant d’être exécutés.


Les « Roundups » sont une tradition qui est née dans l’Amérique profonde il y a 50 ou 60 ans. Au départ, il s’agissait de soi-disant réguler les populations de serpents et d’en protéger le bétail… Même si, lorsqu’on y regarde de plus près, il s’agit juste d’un prétexte pour le plaisir de tuer, au regard du peu de pertes imputables aux morsures de serpent par rapport à d’autres risques qui menacent les troupeaux — notamment les maladies ou les chutes.



« Les partisans de ces fêtes affirment qu’il y a une surpopulation de serpents, et que si l’on ne fait rien, ils vont tout envahir, et donc qu’il faut faire quelque chose pour s’en protéger, explique encore Melissa Amarello. Mais c’est complètement faux, il n’y a pas de surpopulation. Aucune étude n’a jamais suggéré qu’il y aurait trop de serpents à sonnette, et qu’on aurait besoin d’organiser ces tueries pour contrôler la menace. »

Leur motivation : l’argent, et un événement qui attire un grand nombre de touristes avides d’exotisme. Rien qu’à Sweetwater, une petite ville de 11 000 habitants perdue au beau milieu du Texas, l’événement attire chaque année plus de 30 000 personnes… 

Tous les participants apportent le produit de leur chasse à un endroit, où les serpents sont mesurés et pesés. Différents prix sont décernés, dans une ambiance festive : il y a un prix pour celui qui a apporté le plus gros serpent, un prix pour celui qui a rapporté le plus d’animaux ou bien celui dont le seau contenant la « récolte » pèse le plus lourd.



Ensuite, tous les serpents sont jetés dans une grande fosse commune, avec des parois vitrées pour que les enfants puissent eux aussi admirer le spectacle.


Des personnes avec des chaussures de protection leur marchent constamment dessus, écrasant les animaux avec leurs bottes pour les faire remuer.

Ils disent qu’ils font cela pour remuer le tas et éviter que les serpents du dessous n’étouffent, et « parce qu’ils sont trop bêtes et qu’ils s’étoufferaient les uns les autres si on ne les aidait pas. »

Argument totalement ridicule pour Amarello : « Si les serpents s’étouffent, ce n’est pas parce qu’ils sont stupides, c’est parce que des gens les ont forcés à être enfermés dans un endroit où ils sont beaucoup trop nombreux, et qu’ils s’écrasent les uns les autres par manque de place ! »

« Lorsqu’ils pensent que la mort est imminente, que quelque chose les met en danger, ils font vibrer leur queue », explique Amarello. Ce bruissement sourd pourrait se traduire par le cri d’épouvante de plusieurs milliers de reptiles qui hurleraient en même temps « J’ai peur ! Pitié, sortez-moi d’ici ! À l’aide ! »

« Quand ils sont dans les fosses, tous empilés les uns sur les autres, ils agitent leur queue et font retentir leur sonnette, provoquant un vacarme qui couvre tout le reste ». Le bruiteur qui se trouve au bout de la queue de ces reptiles est en fait un avertisseur sonore qu’ils utilisent lorsqu’ils se sentent menacés « Cela ne signifie pas ‘Je vais t’attaquer’, cela veut dire ‘ J’ai peur. Ne marche pas à côté de moi.’ Ce bruit, c’est des milliers de serpents qui hurlent de terreur. »

Puis, au bout d’un moment, une odeur étrange, très forte, monte dans les airs. Il s’agit d’une phéromone que les serpents produisent lorsqu’ils se sentent vraiment menacés et stressés, pour prévenir les autres.

Amarello, qui y a assisté, explique  :

« Pour moi, c’était terriblement révoltant, parce que je sais très bien ce que cette odeur signifie pour eux. À ce stade, les serpents savent très bien qu’ils sont aux portes de la mort. Cette phéromone, c’est un ultime cri de désespoir, quelque chose pour prévenir les autres serpents qu’il y a un danger imminent et mortel. L’odeur était extrêmement forte. »

Puis, certains serpents sont sortis pour être apportés dans une zone prétendument « éducative », à destination des enfants et de leurs parents.

« Les organisateurs mettent en avant le fait qu’ils éduquent le public à propos des serpents, mais c’est plus un prétexte pour une sorte de spectacle », explique Amarello, qui s’occupe elle-même de la section d’éducation pour l’organisation de protection des serpents ASP. « Ils forcent les reptiles à mordre des ballons, ils les poussent à attaquer pour montrer la manière dont ils frappent leurs cibles… »

Enfin, les serpents arrivent à leur destination finale : la fosse de mise à mort.

Pour cela, les bourreaux n’y vont pas par quatre chemins. La méthode est la décapitation, à la machette… Une mort extrêmement cruelle, affirme Amarello, parce que cela ne les tue pas instantanément !

« Décapiter un reptile est probablement la manière la plus inhumaine de le mettre à mort, explique-t-elle. Et ce, notamment à cause de leur système nerveux : Comme les serpents ont un métabolisme très lent, ils restent vivants et conscients, et ils continuent à agoniser pendant plusieurs minutes, voire plusieurs heures après la décapitation. Et on voit bien cela lorsqu’on les voit les tuer : la bouche continue à essayer de respirer, tandis que les corps continuent à bouger. »

Après la décapitation, les corps des serpents sont regroupés avant d’être éviscérés, puis écorchés. Concrètement, il s’agit de dépouiller les animaux en arrachant la peau écailleuse, tout en tirant la chair.

Pour Jo-Anne McArthur, photojournaliste auteur du documentaire We Animals, il s’agit de l’un des éléments les plus glauques de cette fête macabre.

« Les enfants peuvent écorcher les animaux, puis tremper leurs mains dans le sang, et faire des empreintes de leurs mains avec le sang sur un mur en écrivant leur prénom à côté », raconte la photographe à The Dodo. « C’est vraiment glauque. Et les parents encouragent les enfants, en disant ‘Allez tire ! Tire fort ! Salis-toi les mains, n’aie pas peur !’ »


Les peaux de serpents sont ensuite transformées en bottes, porte-monnaie, et autres bibelots qui seront vendus aux touristes.

Dans l’Oklahoma, par exemple, ces événements attirent beaucoup moins de monde qu’au Texas, et les décapitations de serpents se font en général à l’abri du regard du public. En revanche, il y existe d’autres pratiques, encore plus cruelles selon Amarello.

« Ils balancent les serpents dans un congélateur, jusqu’à ce qu’ils soient incapables de bouger, car ce sont des animaux à sang froid, explique-t-elle. Ensuite, ils profitent de leur immobilité pour coudre leur bouche. »

Une fois les bouches des serpents cousues, les gens peuvent poser pour des photos avec.

Le pire, c’est qu’il existe des lois de protection contre la cruauté à l’encontre des animaux, et ce genre de pratique enfreint clairement ces lois. Mais personne ne fait rien, d’abord parce que l’opinion publique est beaucoup moins sensible au sort des serpents que des autres animaux, ensuite parce que cela plaît à certaines personnes, et rapporte beaucoup d’argent.

Il n’y a aucun moyen de savoir le nombre exact de serpents massacrés au cours de ces fêtes, puisque les organisateurs ne les comptent pas, mais les pèsent au kilo. Pourtant, des scientifiques s’accordent à dire que de tels massacres inutiles, perpétrés sur des populations d’animaux déjà fragiles, ne peuvent que faire du mal aux écosystèmes.

Beaucoup de personnes commencent à s’indigner,  même si cela a lieu depuis des années, dans l’indifférence générale.

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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Commentaires

Le mercredi, 19 avril 2017, 10h37 à 10h37, fanny a dit :


mais comment c'est possible de laisser faire cette horreur !!!!!!!!!


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Le mardi, 24 octobre 2017, 22h05 à 22h05, eloynn a dit :


Qu'est-ce qui cloche chez les humains pour qu'ils aient ce besoin irrépressible de faire du mal constamment à tout ce qui vit ?


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