Psychologie et comment mieux gérer ses relations

Pourquoi les jeunes gens ne désirent plus acheter de voiture ni de maison ?

Par Lucie Meyer , le jeudi, 9 février 2017, 10h00 , mis à jour le vendredi, 1 septembre 2017, 5h32

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Pourquoi les jeunes gens ne désirent plus acheter de voiture ni de maison ?

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Pourquoi les jeunes gens ne désirent plus acheter de voiture ni de maison ?

On a longtemps pensé que le succès pouvait se mesurer au fait de pouvoir s’acheter un logement et une voiture. Mais ce n’est plus comme cela . Tous les jours, de plus en plus de jeunes n’ont plus ce désir  d’acquérir ce type de biens.

Des recherches récentes ont montré que de moins en moins de membres de la génération « Y » (les moins de 30-35 ans) achètent un logement, ou une voiture. En réalité, ils ne veulent pas faire de grosses dépenses, hormis un iPhone, bien sûr.


Et si les jeunes n’accédaient pas à la propriété tout simplement parce qu’ils… n’en ont plus rien à faire ? 

De nouvelles recherches – notamment menées par le psychologue Matthew Killingsworth – se sont focalisées sur les valeurs des nouvelles générations, et leurs découvertes sont très intéressantes. Elles soulignent à quel point la définition du mot « succès » a changé entre la génération de nos parents et la nôtre.

Pour eux, acheter une maison et une voiture créait de la stabilité, et la stabilité était synonyme de réussite et de bonheur, mais pas pour nous.


Aux États-Unis, cette génération de moins de 35 ans est appelée « la génération des locataires ». Quelle en est la raison ? Certains sociologues estiment que ces jeunes, parfaitement au courant des risques financiers actuels, savent bien quelles peuvent être les conséquences dramatiques d’une crise immobilière ou simplement financière. Ils n’ont donc nullement envie de s’engager dans de gros crédits.

Mais ce n’est pas la raison principale. La plus grande particularité de la génération « Y », c’est qu’elle cultive d’autres valeurs que celles de ses parents. Des valeurs complètement différentes. 

Ces jeunes ont réévalué la définition du succès. Finie l’époque où l’on se jaugeait en voyant qui était propriétaire de sa voiture ou de sa maison. Aujourd’hui, on valorise surtout ceux qui ont choisi d’investir leur argent dans des expériences de vie, des voyages et des aventures.


Ces jeunes refusent consciemment d’acheter des biens immobiliers et même des meubles, ils préfèrent tout louer. Ces jeunes veulent maintenant un emploi du temps flexible, être indépendants économiquement et géographiquement: La prospérité traditionnelle — telle qu’elle était connue avant — et la stabilité ne les intéresse pas.

Les choses matérielles n’intéressent plus les gens. À quoi bon avoir une voiture si tu peux prendre un taxi ? Si l’on regarde les choses d’un certain point de vue, un taxi est aussi une voiture personnelle, avec un chauffeur, et ce n’est pas plus cher de l’utiliser que son propre véhicule.


À quoi bon acheter une maison dans un bel endroit si tu peux trouver un logement sur le site « Airbnb » dans n’importe quel endroit de la planète ? Le loyer n’est pas très cher, et ce n’est pas nécessaire d’acheter une résidence dans le pays qui t’intéresse à un moment donné. Idem pour le logement de ta ville natale, ou celui de là où tu travailles.


D’abord, qui peut prédire combien de temps il va rester dans telle ou telle ville? Alors à quoi bon s’engager dans un crédit logement de 40 ans si au fond, on est parfaitement comblés dans une maison ou un appartement loué que l’on peut quitter lorsqu’on le souhaite ou lorsqu’on en a besoin ? Aujourd’hui, la plupart des gens ont plusieurs emplois successifs, alors être propriétaire est plutôt un frein aux éventuels changements et mutations. Le magazine Forbes a établi que les jeunes contemporains changent de travail trois fois par an environ.


Le concept de propriété des choses n’est plus celui d’avant. 

Le critique James Gamblin, chroniqueur d’Atlantis, explique le phénomène comme suit : « Pendant les dix dernières années, les psychologues ont fait un grand nombre de recherches qui démontrent que, du point de vue bonheur et sensation de bien être, il est plus profitable de dépenser de l’argent pour vivre des expériences que pour acheter de nouvelles choses. Cela rend les gens plus heureux ».

Voici un extrait d’un article de Gamblin :

 » Il s’avère que les jeunes ne s’intéressent pas à l’endroit où leurs amis achètent une maison, mais plutôt à ce qu’ils font de leurs week-ends. Même une mauvaise expérience peut devenir, à la fin, une histoire fascinante « .


L’interaction sociale entre les jeunes joue un rôle important sur la possibilité d’être heureux. Ils doivent donc parler avec leurs pairs et avoir beaucoup d’amis. Bien sûr, les autres aimeront davantage écouter le récit d’un voyage fou et inattendu, ou le vécu de quelqu’un dans un pays inconnu, plutôt que de savoir combien de maisons a pu acheter cette personne ».

Et ce n’est pas tout. Quand nous possédons des biens, surtout s’ils sont très chers, nous nous faisons beaucoup de souci. Par exemple, si nous achetons une voiture, nous sursautons à chaque fois que l’alarme d’une voiture se déclenche. Si on achète une maison, il faut acheter aussi beaucoup d’appareils électroménagers pour avoir un certain confort, et on aura constamment peur de se faire cambrioler. Que dire des voitures qui se prennent des coups et des égratignures, et des télévisions hyper chères qui tombent en panne au bout d’un an. En revanche, les expériences et les aventures vécues seront là pour toujours. Comme le dit la chanson : « C’est toujours ça de gagné ».


Nos parents, au moins la plupart d’entre eux, n’ont pas pu voyager autant et aussi loin que nous, ils n’ont pas eu la possibilité de s’amuser comme nous le faisons maintenant. Ils n’ont pas eu autant de possibilités de commencer une nouvelle affaire, aussi ont-ils investi en propriétés et en voitures. Mais nous n’avons pas l’intention de suivre leurs pas sur ces points. En fin de compte, tout achat — hormis une maison ou un appartement — perdra sa valeur avec le temps ; si nous jetons un coup d’œil à la décroissance et à la récession du marché immobilier, tout devient plus évident.


Et voici donc la cerise sur le gâteau : les expériences ne perdent pas de leur valeur, et personne ne peut les voler. 

Pourquoi les jeunes gens ne désirent plus acheter de voiture ni de maison ?

Résumons en 4 grandes lignes ce qui permet d’expliquer cette évolution :

1. La perte d’argent est (quasiment) inévitable

Les anciennes générations, à l’instar de nos parents et de nos grands-parents, n’avaient pas autant d’opportunités et de tentations que nous, aujourd’hui. En 2017, mis à part dans la pierre (et encore, il n’est pas rare de voir leurs cours chuter lors d’une crise) l’immense majorité des biens que nous achetons perdent de leur valeur. Et certains en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. C’est particulièrement vrai pour les véhicules, l’électronique ou le textile. Conclusion : dans 90% des cas, acheter reviendrait à perdre de l’argent.

2. La génération qui arrive est moins matérialiste que la précédente

Pourquoi investir dans une voiture si on peut prendre un Uber, un taxi ou encore les transports en commun ? Cela ne coûte pas plus cher et c’est souvent plus pratique. Pourquoi acheter une maison et y aller en vacances quand on peut louer toutes sortes de pieds à terre aux quatre coins du monde avec des sites comme Airbnb ou Abritel ? Plus besoin de se ruiner pour trouver son bonheur ! Et c’est la même chose en ce qui concerne l’immobilier en général.

Premièrement, il arrive de plus en plus fréquemment que les personnes ne sachent pas pour encore combien de temps elles resteront où elles vivent. Deuxièmement, l’engagement d’un crédit sur 30 ou 40 ans fait peur et donne l’impression d’être « bloqué ». De plus, il est fort probable que vous ne travailliez pas au même endroit toute votre vie (les jeunes générations changent de poste en moyenne tous les 3 ans, selon une étude de Forbes, ndlr). Si vous êtes locataire, rien ne vous empêche de chercher un nouveau domicile plus proche de votre futur job par exemple.

3. Les expériences apportent plus que les biens

Durant la dernière décennie, les psychologues du monde entier ont démontré qu’en termes de bonheur, de développement et d’épanouissement personnel, dépenser de l’argent dans de nouvelles expériences était plus enrichissant que d’investir dans des biens. Et de loin.

Aujourd’hui plus qu’hier, les gens ont besoin de s’évader, voire de quitter leur quotidien. Pour se faire, beaucoup préfèrent revenir à l’essentiel en découvrant de nouvelles choses, en faisant des rencontres et en partageant. Mais surtout, en se créant des souvenirs. Ils ont envie de se sentir vivre. Demandez-vous pourquoi les road-trips sont tant à la mode ces derniers temps… Il n’y a pas de coïncidence.

4. Les achats importants créent du stress

Si, par moments, les biens que nous possédons (surtout quand ils sont chers) nous apportent de la joie et du bonheur, sur le long terme, les retombées peuvent s’avérer plus… compliquées. Par exemple, si vous achetez une voiture, une maison ou un super smartphone dernier cri, vous allez devoir surveiller son état, faire en sorte qu’elle ne se dégrade pas, l’entretenir, et ce sont autant de raisons d’ajouter du stress et de l’inquiétude dans votre vie.

À l’époque anxiogène dans laquelle nous évoluons, il paraît donc logique et cohérent de ne pas avoir envie de se compliquer l’existence. A contrario, on ne pourra jamais vous enlever un souvenir ou une expérience, peu importe sa nature.

Sources nPourquoi les jeunes gens ne désirent plus acheter de voiture ni de maison ? : lifter.com.ua / Fast Company / source 

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Lucie Meyer

Coucou, je suis une grande adepte des relations et de la psychologie. J’ai toujours été fascinée par le fonctionnement humain. C’est pour cela que j’ai entrepris des études en psychologie. J’ai ensuite continué pour passer ma licence de psychologie, mais j’ai dû abandonner pour des raisons de santé. Mais j’ai toujours cette fibre en moi et c’est pour cela que j’essaye de traiter au mieux certains sujets. Comme les relations de couple.

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Commentaires

Le vendredi, 10 février 2017, 15h28 à 15h28, Sansa Deez a dit :


La seule chose qui me dérange dans le texte c'est '' Hormis le Iphone''. Comme si tout les jeune s'achètent des celllulaire à 800 $ ??


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Le samedi, 11 février 2017, 0h57 à 0h57, Bianca a dit :


Une maison c'est une chaîne sans fin. C'est une obligation d'y rester, même si on ne s'y plaît guère. C'est aussi la chaîne de l'esclavage, qui nous oblige à mettre le travail en priorité , même si celui ci ne nous correspond pas, ou nous pourrit l'existence . On s'oblige également à rester en couple , même si on ne s'aime plus parce que la maison est tout ce dont on possède, ou parce qu'elle représente mentalement tout l'investissement d'une vie . Puis vient le déchirement de la succession. On a travaillé toute sa vie, on s'est privé, conditionnés, payé en plus presque la moitié de sa valeur en taxes ou actes notariaux ... pour qu'à notre mort la vrai nature de ceux qui nous sont chers se manifeste par des conflits pas possibles ( chose qui est peut être déjà arrivée si il y a eu entretemps divorce ou séparation) . Et revoilà de nouveau le passage chez le notaire ! La voiture c'est un second loyer, mais au moins, il nous donne l'autonomie. Et quand on ne sait plus payer, on peut plus facilement retirer ses chaines. Et surtout on ne passe pas sa vie à alimenter les notaires, l'état, les successeurs, aussi longtemps...parce qu'au bout du compte, en étant esclaves, on se retrouve dans sa maison , comme dans sa voiture que pour très peu de temps ...


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Le lundi, 13 février 2017, 11h41 à 11h41, El Carroi a dit :


Exact !


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Le lundi, 13 février 2017, 8h18 à 8h18, Julian a dit :


Je ne peux qu'être d'accord avec ca puisque cest le style de vie que j'ai choisi.
Il manque l'aspect mutation profonde du travail qui permet d'être indépendant géographiquement avec la forme de travail en free-lance qui est amenée à se développer dans les prochaines années et le travail en remote; et qui est une des raisons de ce changement de "rêve" de vie.
Ca s'appellent le digital nomadisme
Je raconte toute mon expérience sur mon blog https://wanderlustr.io n'hésitez pas à faire un tour


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Le lundi, 13 février 2017, 11h21 à 11h21, CTP a dit :


La philosophie est belle mais je trouve qu'il est dangereux de se complaire dans cette façon de voir la vie un peu naïve et fataliste. Si on ne peut plus avoir la "stabilité", soyons heureux de notre "flexibilité". Or, si cette "flexibilité" a du bon (multiplication des choix de vie, reconversions et déménagements multiples, etc.), elle est aussi et surtout le diktat d'un monde globalisé, où la sécurité d'emploi est foulée aux pieds par les grandes entreprises. Le marché international a tout intérêt à ce qu'on soit de plus en plus "flexibles".
Je suis d'accord qu'il faille du coup préférer les expériences plutôt que les biens. Cependant, je ne suis pas d'accord de privilégier l'inaction ou la fuite face aux mesures réduisant nos droits. Par simple solidarité, on ne peut pas délaisser complètement les choses matérielles en refusant des les défendre.


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Le mardi, 14 février 2017, 11h07 à 11h07, Stéphanie a dit :


J'aime votre texte. La question que je me pose est la suivante : les jeunes d'aujourd'hui ont-ils le cœur à l'ouvrage ou pour eux travailler représente seulement un moyen de parvenir à leur but étant de voyager et se divertir avant tout?


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Le samedi, 18 février 2017, 23h41 à 23h41, Emma Wauthier a dit :


Je dirais que c'est un peu des deux. Travailler représente alors un moyen de parvenir à son but (=voyager, vivre des expériences enrichissantes, grandir, découvrir...), et pas forcément autre chose puisque comme il est mis dans le texte, la plupart des jeunes sur le marché ne veulent plus vraiment s'encombrer de gros crédits, ni se sentir "enchaîné" quelque part. MAIS cela n'empêche pas qu'il y ait une volonté d'un travail bien fait ou d'une réelle implication dans celui-ci. Un dernier commentaire car votre formulation de phrase "seulement pour se divertir" tourne en connotation négative. Oui, se divertir, mais pas en passant sa semaine au cinéma ou à se saouler dans les bars. Ici, on parle de se divertir dans le sens, profiter, s'ouvrir au monde et vivre réellement! Au lieu de complètement dépendre d'un système qui n'a parfois aucun sens et dans lequel on ne s'épanouira pas. Merci de m'avoir lue et bonne soirée :)


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