Pollution

Comment les micro-billes pour la peau nuisent à nos océans

Par Cyril Renault , le jeudi, 11 août 2016, 7h30 , mis à jour le lundi, 1 juillet 2019, 20h22

micro-billes

Les microbilles de plastique dans les océans, une menace sérieuse pour les huîtres et autres mollusques.

La pollution par les micro-plastiques, en augmentation constante dans les océans, pourrait sérieusement menacer les populations d’huîtres et d’autres mollusques, selon une étude française dont les résultats étaient publiés dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS) lundi 1er février aux Etats-Unis.

Ces micro-billes de moins de 5 millimètres de diamètre proviennent à la fois de la fracturation des morceaux de plastiques déversés dans les océans sous l’effet des courants, mais aussi directement des rejets industriels, notamment dans les secteurs vestimentaire et des cosmétiques, qui en utilisent en grande quantité.


Ces travaux montrent que les huîtres installées dans un bassin dans lequel les chercheurs ont déversés d’assez grandes quantités de particules de polystyrène ingéraient celles de la même taille que le phytoplancton dont elles se nourrissent.

Taux de fécondation des mollusques réduit

Après deux mois d’exposition à cette pollution, ces mollusques produisaient moins d’ovules et ceux-ci étaient de plus petite taille. De même, leurs spermatozoïdes étaient nettement moins mobiles, explique à l’AFP Arnaud Huvet, un biologiste à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), un des co-auteurs de cette étude.

Ainsi, « les taux de fécondation étaient réduits de plus de 41% » par rapport aux huîtres qui se trouvaient dans un bassin dans lequel la teneur en micro-billes étaient plus faible », précise-t-il.


Pour cette expérience, « nous avons utilisé les niveaux les plus élevés de microbilles de plastique qu’on peut trouver dans la nature dans des zones très polluées en Chine », précise ce chercheur. « Heureusement aujourd’hui on est encore loin de ces concentrations dans la plupart des baies de la planète », ajoute-t-il.

Mais force est de constater que cette pollution augmente tous les ans en raison de l’utilisation grandissante du plastique et qu’il « est donc temps de faire prendre conscience à la société, aux industriels et aux différents acteurs d’essayer d’inverser cette tendance », souligne le biologiste, expert des mollusques marins.

Selon lui, ce qui a été observé dans cette étude pourrait bien se produire un jour dans la nature, sachant que les chiffres sont alarmants en termes de prévision de pollution par les déchets plastiques à l’horizon 2050, où il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les océans.


Des microbilles dans les cosmétiques aussi

Les microbilles en plastique se retrouvent en effet partout, et surtout dans nos produits cosmétiques – gommages pour la peau, shampoing, dentifrices, savons…. Rien que dans l’Etat de New York, 19 tonnes de microbilles seraient rejetées dans les conduits tous les ans, selon les recherches de Sherri Mason, qui étudie les microbilles à la State University of New York. Au Royaume-Uni, 16 à 86 tonnes de microplastique provenant des exfoliants pour le visage seraient rejetés dans les eaux tous les ans.


8000 milliards de microbilles par jour


Selon une récente étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology, plus de 8000 milliards de microbilles s’invitent dans les habitats aquatiques… chaque jour. Cela vous semble beaucoup? L’association Surfrider Foundation explique pourtant sur son site qu' »un seul tube de ces cosmétiques, soin visage ou dentifrice, peut en contenir des milliers ». En plus des petites billes que vous pouvez voir et sentir, des centaines d’autres sont invisibles à l’œil nu.


Leur petitesse les empêche d’être filtrées lors de leur passage en usine de traitement des eaux usées. Problème: une fois en mer, ces microparticules ont un comportement un peu particulier, pas uniquement sur les mollusques donc.

Elles permettent aux microbes de se déplacer dans les océans

« Elles jouent un rôle de transport des contaminants, comme un buvard », explique auHuffPost François Galgani, chercheur à l’Ifremer. « Ces billes de plastique servent de support à des espèces, qui peuvent se propager d’un bout à l’autre de la planète », détaille-t-il. Ces espèces peuvent être des microbes qui, lorsqu’ils arrivent dans un milieu inconnu, peuvent déséquilibrer la faune et la flore locale, et contaminent plages et fonds marins.

Les microbilles peuvent également être ingérées par les organismes vivant dans les océans ou les lacs, poissons, baleines, plancton, etc. Selon une étude publiée dans la revue Archives of Environmental Contamination and Toxicology, un petit saumon de la Colombie Britannique, pourrait en ingurgiter de deux à sept par jour. Inutile de préciser que, par conséquent, ces microbilles peuvent se retrouver directement dans nos assiettes. Qui plus est, lorsque celles-ci se dégradent, elles peuvent libérer des substances chimiques qui sont des perturbateurs endocriniens. Mais, tempère François Galgani, « les organismes les rejettent et les prédateurs ne les avalent pas ».


Une application pour les éviter

En attendant que les grandes sociétés arrêtent de produire des cosmétiques constitués de microbilles et que les Etats les interdissent, comme c’est de plus en plus le cas aux Etats-Unis, une application nommée beatthemicrobeads (combattez les microbilles), créée par deux ONG néerlandaises en 2012, permet de scanner les produits et de détecter la présence de celles-ci.


Comme l’explique l’association Surfrider Foundation, dès qu’il y a écrit « polyéthylène » dans la liste des composants d’un produit, vous pouvez être sûr qu’il s’agit de microbilles.


Source micro-billes : Le HuffPost avec AFP

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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