Psychologie et comment mieux gérer ses relations

Je suis une personne agoraphobe, mais je me suis soignée…

Par Antoine Delacour , le mardi, 13 février 2018, 11h45 , mis à jour le jeudi, 18 février 2021, 15h23

agoraphobe
Pixabay

Dans l’antiquité, l’agora était la place publique où les habitants de la ville se réunissaient pour pouvoir discuter.


Le mot phobie, lui signifie les peurs.

L’agoraphobie, cette peur des espaces libres et des lieux publics, a coupé les ailes à Séverine durant près de quinze ans. Cette Lausannoise d’adoption a ramé pour s’en sortir et aujourd’hui elle a retrouvé goût à la vie et aux voyages.

Un individu agoraphobe peut avoir des difficultés pour traverser un pont ou pour rester au milieu d’une foule. Passer du temps dans un lieu clos comme un cinéma, le métro ou dans les  transports en commun, un hôpital ou une salle de concert, peut provoquer chez ces personnes des peurs et des angoisses. Pareil avec l’avion ou dans un supermarché. Faire la queue pour rentrer dans un endroit peut être particulièrement problématique pour quelqu’un qui souffre de cette maladie. Ne pas être chez soi peut s’avérer être source d’angoisse pour une personne agoraphobe.

L’agoraphobie est souvent associé à un trouble panique, c’est-à-dire un trouble de l’anxiété qui apparaît soudainement et déclenche des symptômes forts (tachycardie, transpiration, étourdissements, etc.). La personne devient très angoissée.


Cette phobie est due à la peur de ne pouvoir trouver de l’aide et en sécurité dans l’endroit s’il se passait quelque chose et non sur le lieu en tant que tel.

Il y a encore quelques années, Séverine qui était agoraphobe aurait difficilement pu endurer un tel bain de foule.

« Ma première crise, je l’ai eue à 20 ans. Elle s’est déclenchée dans un centre commercial pendant que je faisais mes courses. Tout à coup, j’ai eu les mains moites, une grosse boule au ventre, le cœur qui battait à tout rompre, des vertiges… Je n’avais qu’une envie: fuir cet endroit au plus vite!» Séverine sourit à l’évocation de cet incident qui remonte à 1995. Il faut dire qu’elle a fait du chemin depuis.


Mais il y a deux décennies, cette hypersensible ignorait qu’elle souffrait d’agoraphobie, du moins au début.

Je ne savais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, alors j’ai mis ça sur le compte de la fatigue, du stress.»

Les attaques de panique se succèdent «souvent lorsqu’il y avait du monde autour de moi». Du coup, elle se met à éviter les lieux qu’elle considère comme à risque: supermarchés, banques, restaurants, transports publics…

Un appel à l’aide

«Certains agoraphobes ne sortent plus de chez eux. Moi, je me suis forcée à mener une existence à peu près normale – je n’ai par exemple jamais cessé de travailler (elle a toujours œuvré dans des agences de voyages, ndlr) –, mais ma vie devenait sans cesse plus compliquée. Et puis, j’étais constamment inquiète, j’avais peur de devenir folle!»


Alarmés, ses proches et son généraliste tentent de la raisonner, de la rassurer. «Ils me disaient de me calmer, que ça allait passer… Mais ce n’est pas si simple: quand le mécanisme s’emballe, on ne parvient pas à l’arrêter!» Son médecin traitant lui propose des anxiolytiques. «J’ai refusé, car je ne suis pas trop médicaments.» Elle tient le coup un an, cahin-caha.


Usée par ce combat, elle finit par consulter un psy. Le diagnostic tombe: «Vous êtes agoraphobe!» «Il a mis un nom sur mes symptômes, ce n’était pas juste du stress et je n’allais pas mourir. Parce qu’on a peur de mourir quand on a une crise d’angoisse.» Séverine est soulagée, mais avec le recul elle a le sentiment aussi d’être tombée dans un «piège»:

J’avais désormais un excellent prétexte pour me dispenser d’aller à tel ou tel endroit, et j’ai fait subir à mon entourage l’excuse de l’agoraphobie.»


Cette jeune femme entame alors une psychanalyse classique durant laquelle elle revisite son enfance qu’elle qualifie pudiquement de «compliquée». «J’ai grandi dans un climat familial lourd et j’ai pris beaucoup sur moi étant petite.» De plus en plus convaincue que ressasser le passé ne réglera pas son mal-être présent, elle met un terme à ces séances. «Pour continuer d’avancer, je me suis appuyée sur ma mère ainsi que sur mon compagnon de l’époque.»

Les années et son amour passent. Pas sa phobie. «J’ai essayé diverses thérapies alternatives: sophrologie, réflexologie… Je suis même allée voir un chaman!» Avec le temps, et malgré une difficile traversée de trois périodes de deuil rapprochées, son tumulte intérieur s’apaise un peu. «A ce moment-là, j’ai également trouvé une bouée de sauvetage sur internet, le site d’un ex-agoraphobe. Je me suis dès lors sentie moins seule.»

Dans l’élan, cette Lausannoise d’adoption entame une psychothérapie cognitive et comportementale. Ce qui l’oblige, via des exercices pratiques, à se confronter à ses angoisses. Tout cela histoire de mieux appréhender le dérèglement émotionnel dont elle souffre. «J’ai tenu bon même si souvent je n’avais qu’une envie, c’était de partir en courant.» Deux ans à se coltiner sa peur pour parvenir à l’apprivoiser.

Avoir le courage d’affronter ses peurs

En rémission, donc pas encore tout à fait guérie, Séverine retourne sur le divan d’un autre thérapeute, celui qu’elle appelle son «psy de choc». On est en 2010. «Il m’a dit: Depuis le temps que vous me parlez de voyager, pourquoi ne partiriez-vous pas? Vous êtes entre deux jobs, c’est le bon moment pour réaliser votre rêve!»


Trois jours après, elle avait son billet d’avion en poche pour un périple en solitaire d’un mois en Thaïlande. «J’étais complètement cinglée, mais il fallait que je me prouve que j’avançais.» Défi relevé malgré quelques sueurs froides et crises d’angoisse. «A partir de là, j’ai recommencé petit à petit à avoir du plaisir à aller à des concerts, à me joindre à des amis en soirée et aussi à faire mes courses au supermarché.» Cette trentenaire – qui, enfant, rêvait d’être hôtesse de l’air – est même devenue une intrépide globe-trotteuse. «Ma vie maintenant, c’est voyager, c’est être libre!» Comme jamais depuis qu’elle n’est plus agoraphobe …

Texte © Migros Magazine – Alain Portner

«Main tendue»


L’agoraphobie aura mis la vie de Séverine entre parenthèses durant pratiquement quinze ans. De 1995 à 2010. Aujourd’hui «guérie», elle ressent le besoin de tendre la main à celles (ce sont surtout des femmes qui sont concernées) et ceux qui souffrent de ce trouble anxieux. «Environ 3% de la population est touchée. Ce qui représente 4000 personnes à Lausanne et plus de 200 000 en Suisse. Ça fait beaucoup de monde!»


Son aide, elle la propose via son site. «Internet est un bon outil pour atteindre des gens avec lesquels il est très difficile d’entrer en contact. N’oublions pas que certains d’entre eux ne sortent carrément plus de leur appartement ou de leur maison!» Ces derniers trouveront donc à cette adresse informations et conseils, exercices et programme d’accompagnement, témoignages et adresses utiles.

Cette Vaudoise a publié un petit E-book sur le sujet, format Kindle: «5 clés pour sortir de l’agoraphobie!» Et elle a encore l’intention d’écrire un livre et de donner des conférences. «Je pense que mon expérience personnelle fait de moi une experte en la matière», rigole-t-elle.

Auteur: Alain Portner Source : /www.migrosmagazine.ch/

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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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