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Perturbateurs endocriniens: Responsables de troubles du comportement chez les petits garçons

Par Antoine Delacour , le dimanche, 1 octobre 2017, 10h00 , mis Ă  jour le mardi, 5 janvier 2021, 15h47

perturbateurs endocriniens
Image crédit : Pixabay

Ces troubles du comportement varient selon les produits auxquels les mamans ont été exposées lors de leur grossesse…

Une étude épidémiologique menée en France par l’Inserm et publiée dans la revue Environmental Health Perspective vient confirmer les dangers d’une exposition des femmes enceintes aux perturbateurs endocriniens (bisphénol A, triclosan et certains phtalates) sur leurs petits garçons.


Perturbateurs endocriniens: 3 substances vraiment inquiétantes

Hyperactivité, repli sur soi, anxiété, peur devant les situations nouvelles : l’effet sur les enfants diffère selon les substances chimiques auxquelles la mère a été exposée lors de la grossesse.

Pour l’Inserm, l’Institut français de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale, parmi la quinzaine de substances chimiques testĂ©es, les composĂ©s « les plus prĂ©occupants Ă  cet Ă©gard Â» sont le bisphĂ©nol A et le triclosan (qui sont des phĂ©nols) et le DBP (di-n-butyl phtalate) qui est un phtalate.

« C’est une preuve de plus de l’effet de ces perturbateurs endocriniens Â», dĂ©clare Ă  l’AFP RĂ©my Slama, Ă©pidĂ©miologiste Ă  l’Institut pour l’avancĂ©e des biosciences Ă  Grenoble.

Des recherches in vitro ont mis en évidence que toutes ces substances chimiques étaient des perturbateurs endocriniens suspectés. Ils sont susceptibles d’interagir avec le système hormonal qui contrôle le développement du cerveau de l’enfant.


Le bisphĂ©nol A a Ă©tĂ© interdit de tous les contenants alimentaires en France en janvier 2015, soit après la rĂ©alisation de cette Ă©tude. Mais on le trouve encore dans les lunettes, les CD etc.

Le triclosan est un agent antibactérien présent dans certains dentifrices et savons. Il est autorisé jusqu’à certaines valeurs limites dans les cosmétiques et est interdit dans les textiles au niveau de l’Union européenne.

Le DBP est utilisé dans les colles, vernis à ongles et laques pour les cheveux et pour assouplir des matières plastiques comme le PVC. Lui aussi est réglementé selon une logique de valeur limite et il est interdit dans les cosmétiques.


L’étude sur les perturbateurs endocriniens, réalisée par Claire Philippat et pilotée par Rémy Slama, a porté sur 529 petits garçons.

Les femmes enceintes avaient été recrutées entre 2003 et 2006. Pendant leur grossesse, leur urine a été analysée pour doser les biomarqueurs caractéristiques de l’exposition aux phénols et aux phtalates. Il est apparu que 70 à 100 % des femmes de la cohorte Eden étaient alors exposées à des niveaux détectables de ces substances.

Ă€ l’âge de 3 et 5 ans de leur enfant, elles ont rempli un questionnaire Ă©valuant certains aspects de leur comportement comme l’hyperactivitĂ©, les troubles Ă©motionnels et relationnels.

L’étude montre que l’exposition au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans.


« Cette recherche confirme que les effets du bisphĂ©nol A sur le comportement, observĂ©s chez l’animal de laboratoire, se retrouvent chez l’humain Ă  des expositions faibles, probablement infĂ©rieures Ă  celles prĂ©conisĂ©es par l’autoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© alimentaire Â», indique l’Inserm.

« L’étau se resserre Ă©galement autour du DBP Â»


Le DBP était lui associé à davantage de troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli, à 3 ans, mais pas à 5 en ce qui concerne les troubles émotionnels.


Les associations entre le DBP et le comportement avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans des Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes chez de jeunes garçons et chez l’animal. « L’étau se resserre aussi autour de cette substance Â», commente RĂ©my Slama.

L’étude a aussi montrĂ© une association entre le triclosan et une augmentation des troubles Ă©motionnels Ă  3 et 5 ans. « Il s’agit de la première Ă©tude Ă©valuant les effets de ce composĂ© sur le comportement humain Â», relève l’épidĂ©miologiste.

Son équipe avait déjà mis en évidence une diminution du périmètre crânien à la naissance chez les petits garçons exposés in utero au triclosan.

Etudier aussi les petites filles

Une des limites de l’étude réside dans le fait que les femmes enceintes ont fait l’objet d’un seul prélèvement d’urine. Les équipes de Grenoble vont s’attacher à affiner les résultats en suivant une nouvelle cohorte mère-enfant (Sepages) de l’Inserm.


De nombreux Ă©chantillons d’urine par participant (mère mais aussi enfant) seront recueillis durant la grossesse et les premières annĂ©es de l’enfant, pour mieux mesurer l’exposition aux substances. L’étude sera Ă©largie aux petites filles car l’effet des perturbateurs endocriniens est susceptible d’être diffĂ©rent sur elles.

Source 20 Minutes avec AFP

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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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