Santé

LA DANGEREUSE POLLUTION DE L’AIR INTÉRIEUR TUE 4 MILLIONS DE PERSONNES CHAQUE ANNÉE

Par Cyril Renault , le vendredi, 14 octobre 2016, 10h48
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POLLUTION DE L’AIR INTÉRIEUR

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LA DANGEREUSE POLLUTION DE L’AIR INTÉRIEUR TUE 4 MILLIONS DE PERSONNES CHAQUE ANNÉE

La pollution intérieure de l’air tue tous les ans entre 3,5 millions et 4,3 millions de personnes dans le monde. Cette terrible crise sanitaire est pourtant passée sous silence et beaucoup de gens ne se doutent même pas de son existence. Nous levons le voile sur ce problème grave qui est l’un des plus meurtriers au monde.

TOUS LES ANS, LA POLLUTION INTÉRIEURE DE L’AIR TUE ENTRE 3,5 MILLIONS ET 4,3 MILLIONS DE PERSONNES

Ce chiffre est alarmant, d’autant plus quand on réalise qu’il faut le distinguer des décès causés par la pollution « extérieure » et qui tue quant à elle 3 millions de personnes par an. A noter aussi que la pollution intérieure de l’air tue beaucoup plus de personnes que le SIDA et le paludisme réunis : ensemble, ces maladies sont responsables d’environ 2,2 millions de morts dans monde chaque année. Pourtant, ce problème grave n’est considéré que par très peu de pays comme étant une crise sanitaire majeure, et ce, notamment, parce qu’il ne concerne pas les pays riches.


Il faut préciser qu’à travers le monde, 3 millions de personnes (la plupart sur le continent  Africain et en Asiatique) n’ont pas accès aux énergies modernes et continuent de cuisiner et de chauffer leur maison en brûlant du charbon, du fumier, du charbon de bois et du bois en intérieur. Bien souvent, ces mêmes maisons ne disposent pas de système d’aération et se retrouvent ainsi plongées dans un nuage de fumée qui peut provoquer toute une flopée de maladies respiratoires graves, incluant le cancer du poumon ainsi que des maladies cardiovasculaires chroniques.

3 MILLIONS DE PERSONNES N’ONT PAS ACCÈS AUX ÉNERGIES MODERNES

En Chine, 10 millions de ménages continuent de brûler du charbon directement à l’intérieur de leurs maisons pour cuisiner et pour se chauffer. En Inde et en Afrique, c’est le bois et le charbon de bois qui sont plus communément utilisés. Et dans d’autres pays, comme au Kenya ou en Ethiopie par exemple où le bois se fait rare, ce sont les excréments d’animaux qui sont le plus souvent utilisés. Tous ces carburants mènent à différents problèmes de santé qui sont tous aussi dangereux les uns que les autres.

L’éclairage est également une grande source de pollution intérieure de l’air, et particulièrement à cause de l’usage de lampes à pétrole. Notons néanmoins que l’éclairage à LED devient de plus en plus commun et à mesure qu’il se démocratise à travers les pays « pauvres », cet aspect du problème se réduit quelque peu, même s’il reste encore, à l’heure actuelle, très préoccupant.


Enfin, la plupart des maisons (qui sont surtout construites avec de la boue ou du chaume) ne disposent pas de systèmes de ventilation adéquat. De plus, dans les pays où les conditions climatiques sont « extrêmes », ils ne sont d’ailleurs pas utilisés lorsqu’ils ont le mérite d’exister, afin d’économiser de l’énergie. En résultent ainsi des quantités extrêmement toxiques d’air pollué, d’autant plus quand de nombreuses personnes en Afrique ont pour habitude d’apporter une simple cuisinière dans la pièce où elles dorment afin de maintenir le lieu à bonne température durant la nuit.

En théorie, ce problème devrait être facile à « gérer » : il suffirait d’offrir à toutes ces personnes l’accès à des carburants et à des cuisinières plus propres… Mais dans la pratique, ce n’est pas aussi simple. Comme le dévoile un rapport sur la pollution du United Nations Environnement Programme (UNEP), même les pays les plus engagés dans la promotion des combustibles plus propres (comme le propane ou le butane) ont bien souvent dû lutter pour convaincre leurs habitants de changer leurs habitudes. Il en va de même pour l’utilisation de systèmes de chauffage et de poêles avec de meilleures ventilations.


Principaux faits

Environ 3 milliards de personnes font la cuisine et chauffent leur logement à l’aide de foyers ouverts ou de simples poêles dans lesquels ils brûlent de la biomasse (bois, déjections animales, résidus agricoles) et du charbon.

Plus de 4 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air domestique due à la cuisine à base de combustibles solides

Plus de la moitié des décès par pneumonie chez l’enfant de moins de 5 ans sont dus à l’inhalation de matières particulaires provenant de la pollution de l’air intérieur.


On impute 3,8 millions de décès prématurés par maladies non transmissibles, comprenant des accidents vasculaires cérébraux, des cardiopathies ischémiques, des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et des cancers du poumon, à l’exposition à des polluants de l’air à l’intérieur des habitations.


POUR BEAUCOUP PERSONNES, BRÛLER DU BOIS EST MOINS ONÉREUX QUE D’AUTRES MÉTHODES


Dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud notamment, les gouvernements ont tenté d’élargir l’accès aux carburants plus propres mais la pollution intérieure de l’air est restée obstinément élevée. En cause, le fait que de nombreuses personnes continuaient de brûler du bois chez elles, parce que cette option s’avérait être moins onéreuse et, selon elles, plus « fiable », comme le rapporte l’UNEP.

Une « expérience » datant de 2012, menée en Inde, illustre d’ailleurs parfaitement la réticence de certaines personnes à s’engager dans de nouveaux systèmes et de nouveaux carburants moins polluants… Plusieurs ménages, sélectionnés au hasard, ont reçu des cuisinières avec des cheminées qui reconduisaient la fumée en dehors de leur maison. Après un an d’usage, le taux d’inhalation de fumée avait quelque peu diminué. Pourtant, 4 ans après, aucune différence notable n’a pu être relevée. Pourquoi ? Eh bien, parce que ces mêmes ménages avaient tout simplement arrêté d’utiliser ces cuisinières puisque ces dernières requéraient trop de réparations et que les cheminées nécessitaient un entretien constant.

Une jeune asiatique préparant à manger
Une jeune asiatique préparant à manger via Shutterstock

Effets sur la santé

Chaque année, 4,3 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, qui résulte d’une utilisation inefficace de combustibles solides (selon les données de 2012) pour cuisiner. La répartition de ces décès par cause est la suivante:


  • 34% accidents vasculaires cérébraux;
  • 26% cardiopathies ischémiques;
  • 22% bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO),
  • 12% pneumonie; et
  • 6% cancer du poumon.
Accidents vasculaires cérébraux

Près d’un quart de tous les décès prématurés dus aux accidents vasculaires cérébraux (soit environ 1,4 million, la moitié étant des femmes) peut être attribué à une exposition chronique aux polluants rejetés dans l’air intérieur lors de la cuisson d’aliments à l’aide de combustibles solides.

Cardiopathies ischémiques

On estime qu’environ 15% de l’ensemble des décès dus à des cardiopathies ischémiques, soit plus d’un million de décès prématurés par an, résultent de l’exposition à de l’air pollué à l’intérieur des habitations.

Bronchopneumopathies chroniques obstructives

Plus d’un tiers des décès prématurés par bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) chez l’adulte découle, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, d’une exposition à la pollution de l’air intérieur. Les femmes exposées à de fortes concentrations de fumée domestique ont 2 fois plus de chances de souffrir de BPCO que celles qui utilisent des combustibles plus propres. L’exposition à la fumée domestique double presque ce risque (facteur 1,9) chez les hommes, déjà soumis à un risque accru de BPCO du fait de leur taux de tabagisme plus élevé.


Pneumonie

L’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations multiplie presque par deux le risque de pneumonie chez l’enfant. Plus de la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans survenant à la suite d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures est due à l’inhalation de matières particulaires provenant de combustibles domestiques solides (OMS, 2014).

Cancer du poumon

Environ 17% des décès prématurés causés par un cancer du poumon résultent, chez l’adulte, de l’exposition à des carcinogènes présents dans l’air domestique du fait de sa pollution par la cuisson d’aliments au moyen de combustibles solides comme le bois, le charbon et le charbon de bois. Les femmes courent un risque accru du fait de leur rôle dans la préparation des aliments.

Autres effets sur la santé

De façon plus générale, les matières particulaires fines et autres polluants présents dans les fumées domestiques provoquent l’inflammation des voies respiratoires et des poumons, ce qui détériore la réponse immunitaire et réduit le pouvoir oxyphorique du sang.

Certaines données prouvent les liens entre la pollution de l’air à l’intérieur des logements et le faible poids de naissance, la tuberculose, la cataracte et les cancers nasopharyngé et laryngé.

Néanmoins, quelques bonnes nouvelles confirment que tout espoir n’est pas encore perdu. Toujours selon le rapport de l’UNEP, 97 pays sur 193 ont augmenté leur proportion de ménages ayant accès à des systèmes de cuisine et de chauffage plus propres entre 2008 et 2013. Le Costa Rica par exemple, a subventionné du gaz de pétrole liquéfié à de nombreuses familles. Le Chili, quant à lui, a lancé un programme permettant aux personnes d’échanger leurs anciennes cuisinières pour des modèles plus propres. Il ne reste plus qu’à espérer que les 96 pays restants suivent la même voie…

Daniel J. Rao / Shutterstock.com via Shutterstock

Trop peu connue, la pollution intérieure de l’air est un énorme problème sanitaire d’ordre mondial qui nécessite que l’on s’attarde dessus afin de trouver des solutions le plus rapidement possible… Ce sont des millions de vies qui sont en jeu ! D’ailleurs, la pollution « extérieure » est elle aussi extrêmement mortelle puisqu’ elle tue chaque année plus de 3 millions de personnes à travers le monde.

Source: www.who.int et /dailygeekshow.com

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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