Pollution

En 1972, un programme informatique prĂ©dit la fin du monde – et nous sommes sur la bonne voie

Par Antoine Delacour , le vendredi, 10 mai 2019, 13h33 , mis à jour le lundi, 31 mai 2021, 4h11 — civilisation

Image crĂ©dit : Depositphotos : En 1970, un programme informatique appelĂ© World1 prĂ©dit que la civilisation s’effondrerait.

L’effondrement de notre civilisation pourrait Ăªtre imminent. 

Nous pourrions l’appeler l’Apocalypse de 2040.


Au dĂ©but des annĂ©es 1970, un programme informatique appelĂ© World1 prĂ©dit que la civilisation s’effondrerait probablement d’ici 2040. Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) avaient programmĂ© cela pour envisager un modèle de durabilitĂ© pour le monde.

Par Antoine Mercier. Le 10/05/2019

La prĂ©vision a refait surface parce qu’une chaine publique australienne ABC a remis en circulation un journal tĂ©lĂ©visĂ© de 1973 sur le programme informatique. Les conclusions du programme, cependant, n’ont jamais vraiment disparu, ses rĂ©sultats ayant Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©s au cours des 50 annĂ©es Ă©coulĂ©es depuis leur première apparition.

La mauvaise nouvelle pour nous, c’est que le modèle semble se réaliser parfaitement.


Un modèle informatique apocalyptique

Le programme a Ă©tĂ© commandĂ© par le Club de Rome , un groupe de scientifiques, d’industriels et de reprĂ©sentants du gouvernement qui s’attachaient Ă  rĂ©soudre les problèmes du monde. L’organisation souhaitait savoir dans quelle mesure le monde pourrait maintenir son taux de croissance en se basant sur les informations disponibles Ă  l’époque. World1 a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par Jay Forrester, le père de la dynamique des systèmes , une mĂ©thodologie permettant de comprendre le fonctionnement de systèmes complexes.

Lors de la conclusion du choix pour le destin de la civilisation, World1 a pris en compte plusieurs variables, notamment les niveaux de pollution, la croissance dĂ©mographique, la disponibilitĂ© des ressources naturelles et la qualitĂ© de vie globale. Ces facteurs ont Ă©tĂ© examinĂ©s ensemble plutĂ´t que sĂ©parĂ©ment, conformĂ©ment au point de vue du Club de Rome selon lequel les problèmes du monde sont interconnectĂ©s.

Image crédit : Depositphotos

Une telle approche Ă©tait nouvelle dans les annĂ©es 1970, mĂªme si la prĂ©vision produite par le programme n’était pas censĂ©e Ăªtre « prĂ©cise ». World1 a produit des graphiques qui montrent ce qu’il adviendrait de ces indicateurs Ă  l’avenir, sans mĂªme tenir compte d’Ă©lĂ©ments comme le changement climatique. Les graphiques indiquent tous une trajectoire descendante pour la planète.


Selon le segment ABC de 1973, World1 a identifié 2020 comme un tournant pour la civilisation.

« Vers 2020, l’Ă©tat de la planète deviendra extrĂªmement critique. Si nous ne faisons rien, la qualitĂ© de la vie tombera Ă  zĂ©ro. La pollution deviendra tellement grave qu’elle commencera Ă  tuer des gens ( ce qui se passe dĂ©jĂ ), ce qui Ă  son tour fera diminuer la population , plus bas qu’elle ne l’était en 1900. Ă€ ce stade, entre 2040 et 2050, la vie civilisĂ©e telle que nous la connaissons sur cette planète cessera d’exister. « 

En route pour la fin du monde ?

Une population mondiale trop importante peut constituer une charge excessive pour les ressources naturelles. Cependant une telle population pourrait Ă©galement travailler ensemble pour aider Ă  sauver la planète.


En 1972, le Club de Rome a publiĂ©  » Les limites de la croissance Â«Â , un livre qui repose sur les travaux de World1 avec un programme appelĂ© World3, dĂ©veloppĂ© par les scientifiques Donella et Dennis Meadows et une Ă©quipe de chercheurs. Cette fois, les variables Ă©taient la population, la production alimentaire, l’industrialisation, la pollution et la consommation de ressources naturelles non renouvelables.


« Les limites de la croissance » a poussĂ© l’effondrement de la civilisation en 2072, au moment oĂ¹ les limites de la croissance seraient les plus Ă©videntes et entraĂ®neraient un dĂ©clin de la population et de l’industrie.


Les critiques du livre ont Ă©tĂ© presque immĂ©diates et sĂ©vères. Le New York Times, par exemple, a Ă©crit : « Son imposant appareil informatique et le jargon des systèmes informatiques… prennent des suppositions arbitraires, les mĂ©langent et aboutissent Ă  des conclusions arbitraires , laissant penser Ă  de la science », concluant que le livre Ă©tait « vide et trompeur. »

D’autres ont fait valoir que l’opinion du livre sur ce qui constitue une ressource pourrait changer au fil du temps, laissant leurs donnĂ©es sous-estimĂ©es face Ă  d’Ă©ventuels changements dans les habitudes de consommation.

Les informations des trouvailles du livre ont toutefois changĂ© au fil du temps. En 2014, Graham Turner, alors chercheur au Melbourne Sustainable Society Institute de l’UniversitĂ© de Melbourne, a recueilli des donnĂ©es auprès de divers organismes des Nations Unies, de la National Oceanic and Atmospheric Administration et d’autres points d’informations, en comparant leurs rĂ©sultats avec ceux du modèle World3.

Ce que Turner a dĂ©couvert, c’est que le modèle World3 et les informations statistiques actuelles ont tendance Ă  coĂ¯ncider avec un autre modèle, jusqu’en 2010, indiquant que le modèle World3 Ă©tait fondĂ© sur quelque chose. Turner a averti que la validation du modèle de World3 n’indiquait pas un « accord » avec celui-ci, principalement en raison de certains paramètres du modèle World3. NĂ©anmoins, Turner a affirmĂ© que nous Ă©tions probablement sur le point de nous « effondrer » Ă  cause de certains facteurs, en particulier ce que Turner a appelĂ© la fin du pic d’accès facile au pĂ©trole.


Dans The Guardian, Turner et Cathy Alexander, journalistes Ă  Melbourne, expliquent que ni le modèle World3, ni la confirmation de Turner Ă  son sujet, n’indiquent que l’effondrement est une garantie.

« Nos recherches n’indiquent pas que l’effondrement de l’Ă©conomie mondiale, de l’environnement et de la population est une certitude. Nous ne prĂ©tendons pas non plus que l’avenir se dĂ©roulera exactement comme les chercheurs du MIT l’avaient prĂ©vu en 1972. Des guerres pourraient Ă©clater; de mĂªme qu’une vĂ©ritable prise de conscience environnementale mondiale. L’un ou l’autre pourrait considĂ©rablement affecter la trajectoire. »


« Mais nos rĂ©sultats devraient tirer la sonnette d’alarme. Il semble peu probable que la quĂªte d’une croissance toujours florissante puisse se poursuivre sans Ăªtre maĂ®trisĂ©e jusqu’en 2100 sans causer de graves effets nĂ©gatifs – et ces effets pourraient se produire plus tĂ´t que prĂ©vu. »


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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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Commentaires

Le dimanche, 13 novembre 2022, 21h57 Ă  21h57, philippe a dit :


en 1978 j ai eu un ordinateur que ma mi l heurs de fin en 1972 fin du monde ou vient se programme sur un vielle pc 8086 et en dos ms cela dit soit le processeur ou la disquette


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