Pollution

Sans produits chimiques, ces marais filtrent plus de 750 millions de litres d’eaux usées tous les jours

Par Antoine Delacour , le mercredi, 21 mars 2018, 11h08 , mis à jour le dimanche, 21 février 2021, 8h01

Filtrer les déchets humains d’une manière hygiénique et écologique, et si c’était faisable?

Eh bien oui. Ça se passe sur le sol Indien dans les marais d’East Kolkata Wetlands (EKW) et 750 millions de litres de déchets humains sont traités tous les jours, sans le moindre produit chimique, par un procédé nommé bioremédiation. Non seulement le processus garde les marais sans eaux usées, mais il héberge et soutient également un jardin aquatique fertile protégeant la ville de basse altitude contre les inondations.

Comme l’explique The Better India, EKW est l’unique système de gestion organique des eaux usées complètement fonctionnel au monde. Les nombreux marais salants de faible élévation et de rivières à débit lent sont désormais un vaste réseau de marais artificiels ornés de bordures vertes.


Kolkata est entretenu par des agriculteurs et des pêcheurs locaux . Et quotidiennement, les marais reçoivent près de 750 millions de litres de déchets urbains. Grâce aux rayons du Soleil, à l’oxygène et à l’action microbienne, les eaux usées sont traitées organiquement.

Image crédit : The Better India,

Comment le système arrive à fonctionner sans produits chimiques

Les déchets de la ville sont acheminés à travers de nombreuse petites criques, chacune étant gérée par une coopérative de pêche. Ces coopératives sont responsables de l’afflux des eaux usées. Après la sédimentation des eaux usées, seules les couches supérieures claires de l’eau s’écoulent dans le marais peu profond.

Une barrière à poissons parabolique sépare l’eau du marais des eaux usées. Elle sert à empêcher les poissons de nager dans les eaux usées de la ville dépourvues d’oxygène. Car là-bas, ils mourraient.

Image crédit : The Better India,


Il faut moins de vingt jours pour que la nature fasse son travail. Les déchets organiques, situés dans les bras de mer, se déposent là où ils se décomposent partiellement dans les eaux chaudes et peu profondes. Après, par une série d’étapes biologiques, les déchets sont transformés en nourriture pour les poissons. Les bactéries du sol, les macroalgues, les bactéries végétales et les plantes elles-mêmes servent à la décomposition des déchets. Les processus écologiques sont accélérés lorsque la lumière du Soleil pénètre dans l’eau décantée.


Après le processus de bioremédiation, l’eau purifiée et riche en nutriments est canalisée dans des étangs, où poussent les algues et les poissons. Une partie de l’eau sert aussi pour la culture de riz et de légumes sur les rives des marais.


En plus de maintenir Kolkata sans eaux usées et de fournir de l’engrais pour les cultures, les marais agissent comme un système naturel de contrôle pour palier aux inondations. Lorsque les inondations menacent Kolkata, les forces gravitationnelles entraînent la décharge vers l’est de la ville, dans les marais. D’une certaine manière, l’EKW sert de bassin naturel de déversement. Cette fonction est essentielle pendant la saison des moussons, lorsque l’ensemble du delta du Gange est à risque d’inondation.

Malgré leur utilité, les terres humides sont en péril. Un appétit puissant pour l’immobilier menace les étangs à poissons, où les acheteurs veulent construire. Pour faire prendre conscience de ce problème et de l’énorme valeur des services environnementaux du marais, Dhrubajyoti Ghosh, ancien ingénieur en assainissement de la ville, s’est consacré à faire campagne pour cet écosystème unique au monde. Au cours des deux dernières décennies, il a mis au point des options technologiques à partir de la pratique traditionnelle de l’aquaculture des eaux usées. Jusqu’à présent, seulement 4 autres villes ont adopté les plans de traitement des eaux usées.



Ghosh qui travaille à ce jour à la préservation de l’EKW dit :

“Je suis encore en train d’apprendre comment fonctionne cet écosystème délicat, comment l’affiner et pourquoi certains endroits sont mieux adaptés que d’autres. Je suis heureux de donner n’importe quel conseil ou aide, c’est le meilleur système de son genre dans le monde et il pourrait aider des millions de personnes. Si j’ai échoué dans une chose, c’est ceci ; il n’y a pas assez de gens qui le savent ou qui en profitent.”

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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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