L’intelligence de l’enfant est-elle plutôt transmise par la mère et non le père?

En fait non, l’intelligence de l’enfant vient des deux parents.

Dire que les gènes de l’intelligence sont surtout transmis par le chromosome X – ce qui est vrai –, est très différent de dire que les mères seraient responsable de la transmission de l’intelligence à l’enfant parce qu’elle a deux chromosomes X.

Il n’y a pas de définition précise de l’intelligence ni de technique pour pouvoir la mesurer. En biologie, le terme désigne souvent la mémorisation, l’adaptation, l’attention, le langage, la capacité de raisonnement ainsi que toutes les fonctions du traitement de l’information par notre cerveau.

Le chromosome X est-il porteur des « gènes de l’intelligence » ?

Certaines recherches l’ont affirmé, mais leurs conclusions ont été invalidées depuis par de nouvelles études. Ce qui n’est pas rare car la recherche en génétique est toujours en évolution surtout à notre époque.

Dont l’ étude de 1972 de Robert Lehrke, qui a été le premier à parler d’un lien entre le chromosome X et les capacités intellectuelles. Mais elle ne concernait qu’environ dix familles et mettait en avant que les troubles mentaux touchaient plus les hommes que les femmes. Robert Lehrke a donc conclu que les gènes ayant une influence sur l’intelligence se trouvaient sur le chromosome X.

Plusieurs études ont ensuite mis en évidence le fait que plusieurs gènes responsables de troubles mentaux étaient situés sur ce chromosome X, renforçant la thèse de Lehrke. Mais à mesure que les recherches génétiques ont avancé dans la compréhension des gènes, il a été constaté que cela n’était pas aussi que ça.

Trois conclusions qu’il faut retenir. La première est que la transmission génétique joue un rôle moins important dans la détermination de l’intelligence que ce que l’on pensait. Estimé de 70 % à 75 % il y a trente ans, le rôle de la génétique est aujourd’hui évalué a environ 20 % et 40 %. Secundo, plusieurs recherches publiées plus récentes montrent qu’il n’y a aucune corrélation significative entre les « gènes de l’intelligence » identifiés et le quotient intellectuel.

Enfin, si ces gènes existent, ils sont nombreux, et jouent donc un rôle individuel faible. L’étude en 2013 de l’ADN et du QI de près de 18 000 enfants indiquait déjà que nos capacités cognitives dépendent d’un grand nombre de gènes. Mais une étude plus complète a été publiée dans la revue Nature neuroscience en décembre 2015. Cette étude montre que les capacités cognitives seraient influencées par deux vastes réseaux de gènes. Appelés M1 et M3, ces deux réseaux, comportant respectivement 1 225 et 160 gènes, sont répartis sur tous les chromosomes humains, à l’exception du chromosome Y. Le chromosome X ne comporte pas plus de ces gènes que d’autres chromosomes : 66 sur les 1 225 du réseau M1 et 4 sur les 160 du réseau M3, soit 5 % du total.

Les chercheurs insistent notamment sur la faible influence individuelle des gènes. « Les traits tels que l’intelligence sont influencés par un large groupe de gènes fonctionnant de concert, comme une équipe de football composée de joueurs positionnés différemment », a déclaré le docteur Michael Johnson, l’auteur principale de l’étude.

Il est vrai que le chromosome X contient des gènes influençant nos capacités cognitives là où le petit chromosome Y (qui ne contient qu’une centaine de gènes) n’en contient aucun. Mais il est faux de conclure que la mère transmet l’intelligence, le poids du chromosome X étant faible.

Cela peut toutefois expliquer certaines différences entre les les hommes et les femmes, comme l’incidence supérieure des troubles mentaux chez les hommes. Un enfant reçoit un chromosome X de sa mère et un chromosome Y de son père, là où une enfant reçoit un chromosome X de chacun de ses parents. Si le génome de la mère contient un allèle pouvant provoquer des troubles mentaux, son fils aura une probabilité plus forte de recevoir l’allèle en question par rapport à une fille, qui reçoit aussi un chromosome X de son père (l’un des deux chromosomes X, au hasard, est ensuite inactivé, inhibant l’expression de ses gènes).

La transmission de « l’intelligence » est-elle uniquement génétique ?

Non. Bien que les chercheurs ne soient pas d’accord sur le rôle de la transmission génétique, ils sont d’accord pour dire que de nombreux autres facteurs ont une influence certaine sur l’intelligence, comme l’environnement ou l’éducation.

L’éducation et l’environnement social et culturel sont déterminant dans développement intellectuel des enfants. Une étude publiée en 1994 et portant sur des enfants de trois à six ans soulignait que le quotient intellectuel des enfants étudiés est moindre lorsque ceux-ci ont des problèmes de nutrition ou n’ont pas une éducation non formelle.

Pour Zhao Bowen, directeur du laboratoire de génomique cognitive du Beijing Genomics Institute, cité par le Global Times : « Nous devons savoir qu’au sein de ce que nous avons déjà hérité, il y a des facteurs sur lesquels nous n’avons pas d’influence et d’autres que l’on peut changer. Et nous tentons de faire bon usage de ces derniers en cultivant notre potentiel dans un environnement optimal. »