Protection animale

Singes : ils pourraient totalement disparaĆ®tre de la surface de la Terre d’ici 25 ans

Par Cyril Renault , le dimanche, 22 janvier 2017, 8h31 , mis Ć  jour le mardi, 11 juin 2019, 14h45

Singes

Image crĆ©dit :Ā pixabay.com

Singes : ils pourraient totalement disparaĆ®tre de la surface de la Terre d’ici 25 ans

Les deux tiers des primates du mondeĀ sont enĀ grandĀ danger…

C’est une Ć©tude alarmante qui a Ć©tĆ©Ā publiĆ©e dans la revue scientifique amĆ©ricaine Science Advances, ce mercredi 18 janvier : les singes sont en train de disparaĆ®tre Ć  une vitesse trĆØs inquiĆ©tante, etĀ ils pourraient avoir totalement disparu de la surface de la Terre… d’ici 25 Ć  50 ans.


Selon cette Ć©tude, rĆ©alisĆ©e par trente et un primatologues internationaux, 60% des espĆØces de primates sont dĆ©jĆ  en danger dā€™extinction en raison des activitĆ©s humaines. 75% des populationsĀ seraient en train de dĆ©cliner. Cette situation serait le rĆ©sultat des pressions humaines grandissantes sur les primates et leur habitat.Ā De plus, 4 espĆØces de grands singes sur 6Ā ne sont plus quā€™Ć  un pas de la disparition, selon la derniĆØre mise Ć  jour de lā€™UICN, rappelleĀ Le Monde.

Pour parvenir Ć  ces constats cinglants, les scientifiques ont croisĆ© diffĆ©rentes statistiques. Leur minutieux travail de recherche et de documentation sā€™est principalement concentrĆ© sur la liste rouge des espĆØces menacĆ©es Ć©mise par lā€™Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn) et une immense base de donnĆ©es des Nations Unies.

Directement pointĆ©es du doigt, les activitĆ©s humaines semblent bel et bien responsables de lā€™hĆ©catombe annoncĆ©e. La dĆ©forestation rĆ©sultant de lā€™expansion galopante de lā€™agriculture, fait en effet figure de principale explication au dĆ©sastre. Comme le rappelle trĆØs justement le site du Monde, les cultures ont ainsi augmentĆ© de 1,5 million de kilomĆØtres carrĆ©s dans les rĆ©gions oĆ¹ vivent des primates, en dix ans, de 1990 Ć  2010. Dā€™autres types dā€™activitĆ©s humaines, Ć  lā€™image de lā€™extraction dā€™hydrocarbures ou encore le dĆ©veloppement de barrages hydrauliques, font partie des causes identifiĆ©es pour expliquer le phĆ©nomĆØne destructeur de dĆ©forestation fatal aux singes.


Le commerce de primates qu’il soit illicite ou lĆ©gal nā€™est pas en reste. A ce titre, les chiffres communiquĆ©s par la convention sur le commerce international des espĆØces menacĆ©es dā€™extinction, rappellent que 450.000 primates ont Ć©tĆ© vendus entre 2005 et 2014. Il faut y ajouter 11.000 singes supplĆ©mentaires commercialisĆ©s en morceaux.

Les scĆ©nariosĀ envisagĆ©es pour enrayer ce massacre Ć  venir sont multiples. Les auteurs de lā€™Ć©tude prĆ©conisent ainsi de sensibiliser dā€™abord les populations locales tout en dĆ©veloppant lā€™Ć©co tourisme. Ā«Il sā€™agit de construire des Ć©conomies locales fondĆ©es sur la prĆ©servation des arbres, en dĆ©veloppant par exemple lā€™Ć©cotourisme autour des primates. Et former les communautĆ©s, en particulier les dĆ©cideurs et les jeunes, aux programmes de conservation.Ā», explique Paul Garber, qui a participĆ© au travail de recherches. La reforestation fait aussi partie des pistes Ć©tudiĆ©es, au mĆŖme titre que lā€™expansion des zones protĆ©gĆ©es.

Pour mĆ©moire, si lā€™on peut trouver des singes dans quatre-vingt-dix pays du monde, les deux tiers dā€™entre eux Ć©voluent dans seulement quatre Etats : le BrĆ©sil, Madagascar, lā€™IndonĆ©sie et la RĆ©publique dĆ©mocratique du Congo.


Ils sont nos plus proches parents biologiques et pourtant, 60Ā % des primates sont menacĆ©s dā€™extinction en raison de la dĆ©vastationĀ rĆ©sultant des activitĆ©s humaines. Ā«Ā La vĆ©ritĆ©, cā€™est que nous sommes Ć  un moment critique pour un grand nombre de ces crĆ©aturesĀ Ā», juge Paul Garber, professeur dā€™anthropologie Ć  lā€™UniversitĆ© dā€™Illinois, principal coauteur avec Alejandro Estrada, de lā€™universitĆ© nationale autonome de Mexico.

Plusieurs espĆØces de lĆ©muriens et deĀ singesĀ comme les lĆ©muriens catta Ć  queue annelĆ©e, les semnopithĆØques Ć  tĆŖte blanche et les gorilles de Grauer, ont des populations trĆØs rĆ©duites de seulement quelques milliers dā€™individus. La situation est encore pire pour les gibbons dā€™Hainan, espĆØce de singe de ChineĀ :Ā il nā€™en reste pas plus de trente, selon cette Ć©tude.

Sur cette carte, on voit bien la rĆ©partition des primates par pays ā€” Partout, les vies de ces animaux sont en danger : 87 % des espĆØces de Madagascar sont gravement en danger, 73 % en Asie, 37 % en Afrique subsaharienne et 36 % en AmĆ©rique latine.

Huile de palme et de caoutchouc pointƩes du doigt

Lā€™orang-outang de Sumatra est une autre espĆØce de primates en danger extrĆŖme de disparaĆ®tre aprĆØs avoir perdu 60Ā % de son habitat entreĀ 1985 etĀ 2007, prĆ©cise le professeur Garber. Ces espĆØces sont confrontĆ©es Ć  un ensemble de menaces dont la chasse, le commerce illĆ©gal dā€™animaux de compagnie et la perte de leur habitat, les humains continuant de couper des arbres dans les forĆŖts tropicales, de construire des routes et dā€™exploiter des mines, dĆ©plore-t-il. Toutes ces activitĆ©s sont menĆ©es Ā«Ā dā€™une maniĆØre inutilement destructrice et non-durableĀ Ā», ajoute Paul Garber.



Lā€™agriculture est lā€™une des plus grandes menaces humaines pour lā€™habitat des primates, selon ces chercheurs. Lā€™Ć©tudeĀ cite en particulier la production dā€™huile de palme, de soja et de caoutchouc ainsi que lā€™exploitation forestiĆØre et lā€™Ć©levage qui ont entraĆ®nĆ© la destruction de plusieurs millions dā€™hectares de forĆŖts.


Lā€™exploitation miniĆØre et le forage pĆ©trolier entre autres viennent sā€™ajouter Ć  la longue liste des activitĆ©s destructrices des forĆŖts dans le monde et donc des primates qui y vivent. Dans le monde, seuls quatre pays, le BrĆ©sil, lā€™IndonĆ©sie, Madagascar et la RDC, abritent les deux tiers de toutes les espĆØces de primates que compte la planĆØte. Ces pays sont de ce fait des cibles Ć©videntes pour mettre en œuvre des mesures pour arrĆŖter, voire peut-ĆŖtre mĆŖme inverser le phĆ©nomĆØne dā€™extinction des primates.

Eduquer les femmes et protĆ©ger la forĆŖt

La perte dā€™habitat de ces animaux est aussi liĆ©e Ć  des taux Ć©levĆ©s de croissance dĆ©mographique et Ć  la pauvretĆ© des populations vivant Ć  proximitĆ©, expliquent les auteurs de lā€™Ć©tude. Les chercheurs proposent de Ā«Ā dĆ©velopper des Ć©conomies fondĆ©es sur la conservation des forĆŖts et des primates qui y vivent tout en augmentant les possibilitĆ©s dā€™Ć©ducation des femmes des populations localesĀ Ā».

En publiant cette Ć©tude, les scientifiques espĆØrent une prise de conscience mondialeĀ :Ā Ā«Ā Au cours des 25 prochaines annĆ©es, un grand nombre de ces espĆØces de primates disparaĆ®tront Ć  moins que nous ne fassions de leur prĆ©servation, une prioritĆ© mondialeĀ Ā», plaide Paul Garber.

Source:Ā directmatin.fr/Ā / www.20minutes.frĀ /Ā 


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