Consommation

Vietnam : ils interdisent le glyphosate, au grand regret des États-Unis

Par Antoine Delacour , le vendredi, 12 avril 2019, 11h03 , mis à jour le mardi, 11 juin 2019, 13h29

Vietnam : ils interdisent le glyphosate, au grand regret des États-Unis

Le Roundup est un produit de la société Monsanto, que le géant allemand Bayer a racheté il y a peu.

Le Vietnam se bat déjà judiciairement contre la firme pour obtenir une indemnisation pour les personnes victimes de l’« agent orange ». Et après le Sri Lanka, qui est le tout premier état à l’avoir interdit en 2015, c’est maintenant le Vietnam qui bannit cette molécule sur son sol.

Par Antoine Mercier Le 12/04/2019


Ce pays qui lutte contre le géant américain Monsanto, racheté par la multinationale allemande Bayer, s’appuie sur la « toxicité » du glyphosate et des problèmes qu’il occasionne sur la santé et l’environnement. Et c’est pour ces raisons que le ministère de l’agriculture vietnamien a annoncé, le 10 avril, le retrait du glyphosate de la liste de produits autorisés sur le territoire.

Le 27 mars, les autorités avaient déjà interdit l’importation de tout herbicide avec du glyphosate, suite au procès gagné aux Étas-Unis d’Edwin Hardeman contre Monsanto dont le Glyphostate avait été un « facteur substantiel » dans l’apparition de son cancer. L’homme met en relation son lymphome non hodgkinien (LNH) et l’utilisation de trente années de Roundup.

Vietnam : ils interdisent le glyphosate

C’était la seconde condamnation du groupe après celle d’août 2018 à verser 289 millions de dollars à Dewayne Johnson, un jardinier aussi malade d’un LNH. « Dès que nous avons entendu ce second verdict selon lequel le glyphosate est lié au cancer, nous avons publié un document interdisant l’importation de nouveaux herbicides contenant l’ingrédient actif », a expliqué Hoang Trung, le chef du département de la protection des végétaux, rattaché au ministère de l’agriculture et du développement rural, cité par Bastamag.

Le produit était commercialisé au Vietnam depuis 1994, avec environ 104 produits.

Les Vietnamiens s’étaient déjà opposés à Monsanto. Car ils mènent une action en justice depuis des années pour recevoir des indemnités pour les victimes de l’agent Orange, un défoliant toxique et très nocif vendu par la multinationale, et utilisé par l’armée américaine pendant la guerre au Vietnam de 1961 à 1971. D’après l’association des victimes de l’« agent orange », plus de trois millions de personnes dans le pays sont encore affectées par les conséquences de ce produit super puissant.


Un possible recours à cette décision avec l’Organisation mondiale du commerce

Après cette annonce du Vietnam, le ministre de l’agriculture américain a déclaré . « Nous sommes déçus » par la décision de Hanoï, « qui va avoir des effets dévastateurs sur la production agricole mondiale ».

 « Si nous voulons nourrir dix milliards de personnes en 2050, les agriculteurs du monde entier doivent avoir accès à tous les outils et technologies à leur disposition », justifie-t-il.

Mais il est très critiqué pour ses liens avec les lobbyistes de la firme Monsanto :

« À de nombreuses reprises, le ministère de l’agriculture américain a partagé (avec les autorités vietnamiennes) des études scientifiques de l’Agence américaine de protection de l’environnement et d’autres organisations internationalement reconnues concluant que le glyphosate ne posait probablement pas de risques cancérigènes pour les humains. »


Le responsable dit également que les Viêtnamiens n’ont pas respecté l’obligation de notifier ce changement à l’OMC ( Organisation mondiale du commerce ), donnant ainsi un possible recours.

C’est le produit de désherbage le plus utilisée sur la planète, le glyphosate est classé « cancérigène probable » depuis 2015 par l OMS. Bayer dit, cependant « la science confirme que les désherbants au glyphosate ne causent pas le cancer », une affirmation défendue par les États-Unis.

La société Monsanto est pourtant en ce moment attaquée de partout pour ses pesticides. Outre les pertes de procès qui se multiplient, l’utilisation de cette molécule a été limitée à seulement quelques pays.


Malgré la promesse de notre président, le gouvernement a dit que le glyphosate serait interdit d’ici à la fin 2020 pour les principaux usages – s’il y a des alternatives – et en 2022 pour l’ensemble des usages. Des délais beaucoup trop longs pour les écologistes.


Voir aussi : Un herbicide à base de sucre pourrait substituer le glyphosate


Image crédit Deposith Source : le Monde

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Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

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Commentaires

Le vendredi, 12 avril 2019, 17h15 à 17h15, Hanquiez Annie a dit :


Très intéressant merci !


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